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LES DEMI-SEXES

mystérieux. La figure sévère de Philippe lui déplaisait ; il lui semblait qu’un danger menaçait Camille, qu’elle avait tort d’écouter cet étranger. L’arrivée de cet homme, brisant une causerie si douce où son cœur s’accoutumait déjà, avait fait passer en lui cette impression de froid et d’inquiétude qu’une parole entendue, un geste, un regard suffisent parfois à vous donner. Il lui semblait aussi que Philippe, sans qu’il devinât pourquoi, avait été mécontent de le trouver là.

Camille avait froncé les sourcils. Elle aurait voulu conserver Julien auprès d’elle et elle n’éprouvait pour le nouveau venu que de l’aversion : une aversion, même, qui commençait à se changer en haine.

— Je vois ce qui se passe en vous, dit-il, quand on les eut laissé seuls, par une sorte d’entente tacite… Vous me maudissez d’avoir interrompu un aussi charmant entretien.

Elle ne répondit pas.

— Vous avez tort de m’en vouloir, reprit-il ; je suis votre ami, votre meilleur ami… Si vous le permettez, je vous donnerai de bons conseils. Vous êtes seule, abandonnée dans la vie à un âge où l’on a besoin d’appui et de protection… Oh ! je sais… Vous êtes très rai-