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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/53

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LES DEMI-SEXES

d’or. Elle aimait la fête enflammée des tabernacles et les fumées grisantes de l’encens : cette magnificence animée, ce milieu palpitant dans le demi-jour des vitraux où glissaient des flèches de lumière multicolore. Elle aimait les groupes de prière dans le mystérieux asile des chapelles, cette langueur passionnée des attitudes, ces avalanches de formes heureuses et ces têtes auréolées des peintures où vit le sourire d’un peuple de morts béatifiés. Elle s’associait à tout ce qui semblait tressaillir parmi les choses, comme si, dans ces monuments de marbre et de pierreries, elle se fût trouvée dans le domaine de l’amour idéal.

À présent, dans l’ombre douce de ses rideaux soyeux, elle songeait aux deux mots magiques de toute destinée humaine : vouloir et pouvoir.

Elle allait placer sa vie, non dans le cœur qui se brise, non dans les sens qui s’émoussent mais dans le cerveau qui ne s’use pas aussi vite et doit mépriser le cœur et les sens.

Elle se disait qu’elle serait l’égale de l’homme par la pensée et par l’action et que les misères de la femme ne l’atteindraient plus. Désormais, elle saurait tout obtenir, parce qu’elle saurait