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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/54

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LES DEMI-SEXES

tout dédaigner. Sa seule ambition serait de voir. Voir, n’est-ce pas savoir et jouir intuitivement ? N’est-ce pas découvrir la substance même des faits ?… Que reste-t-il d’une possession matérielle ? Une idée.

Combien, alors, doit être belle l’existence d’un être qui, pouvant empreindre toutes les réalités dans sa pensée, puise librement à la source des joies terrestres !…

Elle connaîtrait toutes choses, mais tranquillement, sans passion et sans désir ; elle se promènerait dans la vie comme dans le jardin d’une habitation qui lui appartiendrait. Ce que les femmes appellent : déceptions, douleurs, remords, humiliations, folies, n’existerait pas pour elle qui serait au-dessus de son sexe. Elle s’amuserait des chagrins des autres, sans craindre de les éprouver jamais ; et elle trouverait des compagnes de plaisir comme cette Nina Saurel qui lui avait enseigné le souverain remède. Elle aurait des amies jeunes, spirituelles, sans préjugés, joyeuses et jolies comme elle… Et elle connaîtrait les baisers sans fin et sans péril, les baisers sans châtiment !

L’image de Julien Rival se présenta à son esprit. « Et pourquoi pas ? se dit-elle ; il sera