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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/82

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LES DEMI-SEXES

tremblement agitait ses mains. Après avoir fait quelques tours dans sa chambre, elle s’assit et se mit à réfléchir, tâchant d’y voir clair dans ses sensations. Peu à peu, la terrible scène qui devait se jouer pour elle se précisa dans son esprit : elle se vit pantelante, inanimée, couverte de sang, et elle poussa une sourde exclamation. Le son de sa voix lui fit peur ; elle regarda anxieusement autour d’elle, but un verre d’eau et se coucha. Elle avait très froid dans ses draps, bien qu’il fît chaud dans sa chambre, et c’est en vain qu’elle tint ses paupières obstinément closes ; l’assoupissement ne vint pas.

Elle se tournait et se retournait, tantôt sur le côté gauche, tantôt sur le côté droit. Son cœur se mettait à battre follement à chaque bruit connu de l’appartement ; le tic-tac même de la pendule lui était pénible : « J’ai peur ! se dit-elle, affreusement peur ! » Et, pourtant, elle était résolue à aller jusqu’au bout, elle avait la volonté bien arrêtée de ne pas trembler au moment décisif. Un singulier désir lui vint, tout à coup, de se relever pour se regarder dans la glace. Elle ralluma la bougie, l’éleva au-dessus de sa tête et s’approcha de son miroir. Quand elle aperçut ses traits re-