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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/92

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LES DEMI-SEXES

elle eut la force de combattre ses terreurs ; elle voulait vivre et se rattachait à l’espoir avec une énergie désespérée. Le sixième jour elle s’abandonna à ses souffrances ; un froid lui passa dans l’âme, et elle se dit que tout était fini. Cette main glacée que la Mort vous pose sur l’épaule l’étreignait déjà, des spectres blêmes couraient le long des rideaux. Sans se résigner, elle cédait, cependant, à l’irrésistible, en se disant qu’elle avait mérité le châtiment. Puis, elle eut le délire, et parla pendant une nuit sans s’arrêter. Ce qui lui échappait, ce qu’elle répandait dans des paroles coupées et sans suite, c’était le regret d’une mauvaise action, le repentir, le désir de rentrer en grâce. Et, à mesure qu’elle se confessait, son langage devenait aussi grave que sa voix transposée dans des notes de songe. À tout moment le mot « mourir » s’échappait de ses lèvres tremblantes, vibrait sinistrement. Puis, tout à coup, se dressant sur le bord du lit, elle rejetait les couvertures, tentait de s’enfuir, et retombait accablée, vaincue par l’effort. Toutes sortes de choses noires ayant comme des ailes et des voix lui battaient contre les tempes. Les sombres tentations qui montrent vaguement le crime et la folie lui faisaient passer, devant les