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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/110

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— 1800 - 1807 —

intraitable et l’indignation la plus bruyante. Coulon devint le héros d’une foule de dessins et d’articles où l’on reproduisit, en les amplifiant, tous les détails de son officieuse complicité avec les sicaires du Corse. Les dessinateurs et les écrivains de Londres, rappelant, à cette occasion, l’épisode de Jaffa, l’exécution du duc d’Enghien, le suicide de Pichegru et la mort du mulâtre Toussaint-Louverture, se répandirent contre le nouvel Empereur en injures si violentes et en accusations si nombreuses, que Napoléon apparut à la masse du public britannique comme l’empoisonneur le plus effréné et l’assassin le plus infatigable des temps modernes. Le gouvernement anglais encourageait, par tous les moyens, ce travail de calomnies. « Nous étions en guerre avec la France ; il était nécessaire de soutenir l’opinion, » ont dit, depuis lors, ses hommes politiques.

Louis XVIII avait écrit au comte d’Artois dans les premiers jours du mois de juin. Le comte, d’après sa réponse, devait se trouver à Grodno à la fin d’août. Arrivé, le 23, dans cette ville, le roi attendit vainement son frère : ce dernier, au moment de partir, avait changé d’avis ; il ne voulait pas s’aventurer aussi loin. Après une nouvelle correspondance où Louis XVIII fit parler le devoir ainsi que la nécessité de concerter, dans ce moment de crise pour la cause royale, une marche commune, le comte d’Artois accepta un nouveau rendez-vous et s’embarqua à Harwick, au même moment où le roi, de son côté, partait de Riga. Calmar, petite ville située sur la côte orientale de la Suède, en face de l’île d’Oëland, et célèbre par la convention qui s’y conclut, le 17 juin 1397, pour l’union des royaumes de Suède, de Danemark et de Norvège, était le lieu vers lequel se dirigeaient les deux frères ; ils s’y rencontrèrent le 3 octobre 1804, quatre mois après la première demande de rendez-vous faite par Louis XVIII. Le comte d’Artois, comme on voit, avait pris le temps de réfléchir aux propositions que devait lui soumettre le chef de sa