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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/119

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— 1800 - 1807 —

guerre dans laquelle nous gommes engagés, l’appui unanime du peuple anglais, pour compromettre la popularité qui, jusqu’à ce jour, a accompagné les progrès de cette guerre ; ce serait la compromettre que de prendre imprudemment un parti qui y donnerait un nouveau caractère et découragerait la nation.

La situation de la France et du continent présente-t-elle aujourd’hui plus de chance pour le rétablissement des Bourbons qu’à toute autre époque de cette guerre révolutionnaire que nous soutenons depuis tant d’années ? Au contraire, la soumission presque entière du continent sanctionne, en quelque sorte, l’ordre de choses qui existe en France. Certes, le moment d’abandonner une politique prévoyante et sage ne serait pas heureusement choisi. »

L’Angleterre, à cette époque, était la seule puissance qui fût encore en lutte avec la France impériale ; en refusant à Louis XVIII le titre de roi, en lui signifiant qu’à aucune époque le rétablissement de sa famille n’avait présenté moins de chances, ses ministres tenaient donc à ce prince un langage qui aurait détruit toutes ses illusions, s’il en avait encore gardé. Il répondit qu’il était résigné à vivre désormais d’une manière conforme à sa situation actuelle, ainsi que le demandait le gouvernement britannique ; et, débarquant à Yarmouth sous le seul nom du comte de Lille, il accepta l’hospitalité que lui offrit le duc de Buckingham dans son château de Gosfield-Hall, comté d’Essex. Ce fut là que le rejoignirent, au bout de quelques mois, la reine sa femme et la duchesse d’Angoulême, qu’il avait laissées à Mittau.

Aussi longtemps que Louis XVIII avait pu garder la moindre espérance pour le triomphe de son parti et pour son avénement à la royauté, il avait erré d’asile en asile, successivement repoussé par toutes les puissances continentales. Du jour, au contraire, où ce prince accepta comme un fait accompli la perte de sa cause et la déchéance politique de sa race, le sort lui départit un refuge tranquille, assuré, et qu’il devait seulement quitter pour poser la main sur cette couronne si longtemps et si vainement poursuivie. Par une autre coïncidence,