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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/123

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— 1800 - 1807 —

Pichegru. Elle ne fut point reconstituée. Un comité royaliste devenait, d’ailleurs, sans but. Les royalistes restés à l’intérieur, les émigrés rentrés après le 9 thermidor et sous le Directoire, avaient pris leur parti dès les premiers jours du Consulat. La plupart, nous l’avons dit, s’étaient casés dans les services publics ou dans les administrations locales. Quant aux émigrés revenus les derniers, lorsque Bonaparte avait ouvert toutes les frontières à cette classe de proscrits, dix à douze années d’un exil souvent misérable les avaient dégoûtés pour longtemps de la politique. Ruinés par leurs courses à travers le continent et par les confiscations, forcés de se créer une position et une nouvelle fortune, le plus grand nombre, à mesure de leur rentrée, avaient demandé et obtenu des places, des emplois qu’ils n’avaient garde de compromettre. Les plus illustres par la naissance, ceux qui ne comprenaient d’autre existence que l’existence de cour, d’autre occupation que le métier de courtisan, ceux-là s’étaient glissés dans les salons et dans les antichambres de la famille impériale. De nouvelles générations, d’ailleurs, arrivaient ; et les plus obstinés, s’ils tenaient personnellement rigueur au nouvel ordre de choses, se montraient plus faciles pour leurs enfants. À la fin de 1809, il n’était pas une seule des familles les plus anciennes qui ne comptât quelques-uns de ses membres les plus jeunes dans la diplomatie ou dans l’armée impériales. Ainsi, tandis que l’action du temps, chez l’ancien parti royaliste, affaiblissait les passions et modifiait les principes, d’un autre côté les exigences de la vie matérielle y brisaient toute pensée de résistance ou d’opposition. Bientôt les hommes de ce parti cessèrent de prononcer le nom des Bourbons ; les adolescents commencèrent à l’oublier ; les enfants ne l’apprirent plus.

Louis XVIII, depuis longtemps, n’avait donc plus avec l’intérieur de la France que des relations très-rares et fort incertaines. En revanche, il recevait régulièrement le Moniteur, le Journal de l’Empire, quelques autres publications périodiques