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— 1813 —

sidérable sans doute, mais qui eût été beaucoup plus forte si Napoléon avait pu lancer quelque cavalerie à leur poursuite ; il dut se borner à les suivre. Le 21, il les atteignit à Bautzen. L’ennemi, dont les forces étaient augmentées, présentait une masse de cent quatre-vingt mille combattants rangés sur une double ligne, et appuyés sur les hauteurs de Würschen, position qui avait déjà décidé du sort de plus d’une bataille, et que l’empereur de Russie avait encore fortifiée d’un camp retranché, garni d’artillerie. Nos troupes, que l’arrivée de nouveaux corps avait portées à cent cinquante mille hommes, attaquèrent les Alliés à midi ; à huit heures du soir, les Prussiens et les Russes, forcés de nouveau sur tous les points, se retiraient sur les hauteurs fortifiées de Würschen, au pied desquelles l’armée française dut passer la nuit. Une seconde bataille devenait inévitable : elle se livra le lendemain 22 mai, et, malgré le double avantage du nombre et du terrain, l’ennemi, abordé sur tous les points avec la plus rare vigueur, se vit chassé de tous ses retranchements, après avoir essuyé des pertes énormes, et fut rejeté sur la rive droite de l’Oder.

Étonnés, déconcertés par ces trois défaites si rapides, les souverains de Prusse et de Russie, s’appuyant de négociations déjà ouvertes par l’Autriche immédiatement après la bataille de Lutzen, sollicitèrent un armistice. Napoléon venait d’obtenir, pour son armée, ces honneurs d’une victoire qu’il avait désirés pour elle ; la demande de l’ennemi, fortifiée par de nouvelles instances de l’Autriche, le trouva donc assez facile. Sept mois auparavant, l’espoir d’ouvertures pacifiques l’avait tenu inactif après son entrée à Moscou ; il avait attendu, au milieu des ruines de cette capitale, durant cinq semaines entières, du 14 septembre au 18 octobre, des propositions de paix qui ne devaient pas venir, laissant ainsi aux Russes le temps de se réorganiser, d’augmenter leurs forces par l’adjonction de l’armée de Moldavie, appelée en toute hâte sur le