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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/152

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— 1813 —

membrement de l’empire français ; et vous croyez que, pour atteindre un tel but, il suffit d’une menace de l’Autriche !

Vous voulez faire tomber à votre voix les remparts de Dantzick, de Hambourg, de Magdebourg, de Wesel, de Mayence, d’Anvers, d’Alexandrie, de Mantoue, de toutes les places, enfin, les plus fortes de l’Europe, et dont je n’ai pu avoir les clefs qu’à force de victoires ! Vous voulez que, soumis aux arrêts de votre politique, j’évacue l’Allemagne, dont j’occupe encore la moitié, et que je ramène mes légions victorieuses, la crosse en l’air, derrière le Rhin, les Alpes et les Pyrénées ; que je me livre enfin, comme un sot, à mes ennemis ! Et c’est quand mon armée triomphante est aux portes de Berlin et de Breslau, quand, en personne, je suis à la tête de deux cent mille braves soldats, que l’Autriche se flatte de m’amener, sans même tirer l’épée, à souscrire à de telles conditions ! Et c’est de mon beau-père que me vient un tel outrage ! c’est lui qui vous envoie ! Dans quel attitude veut-il donc me placer vis-à-vis du peuple français ? Il s’abuse étrangement s’il croit que mon trône ainsi mutilé puisse être un refuge au milieu des Français pour sa fille et son petit-fils. Si je consentais à signer une telle paix, mon empire s’écroulerait encore plus vite qu’il ne s’est élevé. On peut s’arrêter quand on monte, jamais quand on descend.

En résumé, les conditions que l’Autriche met à son alliance pourraient paraître acceptables à tout autre qu’à moi. Louis XIV en a accepté d’aussi onéreuses.

Que votre Cabinet donc réduise ses prétentions à la satisfaction de ses propres intérêts ; qu’il comprenne que je suis nécessaire au principe monarchique, que c’est moi qui lui ai rendu sa splendeur, qui l’ai sauvé de l’atteinte mortelle du républicanisme, et que vouloir abattre tout à fait ma puissance, c’est livrer l’Europe au joug de la Russie. Et alors je ne désespérerai pas de la paix.

Metternich comprit qu’il avait été trop loin ; il protesta de