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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/165

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— 1813 —

la route de Silésie, signalent l’apparition de plusieurs têtes de colonnes dont les soldats semblaient harassés de fatigue. On accourt, on se presse : c’était Napoléon, qui venait de faire, avec sa garde et le reste de ses troupes, plus de douze lieues en sept heures. Après une courte visite au palais du roi de Saxe, l’Empereur parcourt toute la ligne de défense, seul, à pied, sans autre suite que le grand écuyer et un page, examine tous les ouvrages, ainsi que les positions de l’ennemi, donne ses ordres et attend. À deux heures et demie, trois coups de canon se font entendre. L’armée alliée, à ce signal, s’élance de toutes les hauteurs et s’avance vers l’enceinte, faisant tomber sur Dresde une pluie de bombes et d’obus à laquelle répond vainement l’artillerie de tous les ouvrages avancés. On se bat avec acharnement des deux parts ; le nombre, toutefois, l’emporte ; le feu de plusieurs batteries de la place est éteint ; une redoute et tout le faubourg dit de Pirna sont occupés. Les Alliés pensent avoir ville gagnée. Ils redoublent d’efforts. Mais tout à coup les barrières de la ville s’ouvrent et donnent passage à de nombreux bataillons qui, s’élançant avec une impétuosité irrésistible, repoussent, renversent tout ce qui est devant eux, nettoient tous les postes et rejettent l’ennemi dans ses positions du matin. « L’Empereur est dans Dresde ! s’écrie le généralissime Schwartzenberg en voyant le terrible effet de ces sorties ; le moment pour enlever la ville est perdu ! » La nuit suspend le combat. Napoléon se prépare pour le lendemain ; ses dispositions ont pour but de donner la main à Vandamme, qui doit être arrivé à Pirna, de refouler les Alliés sur la Bohême, mais en les rejetant sur les difficiles défilés de Zinnwal, et de compléter ainsi la séparation de Schwartzenberg d’avec Bernadotte, qui déjà communiquent par des détachements volants. La journée du 27 réalisa les espérances de l’Empereur. Les Alliés, attaqués partout avec furie, furent partout battus. Murat, secondé par les généraux Doumerc, Bordesoulle et Oudenarde, enlève à lui seul quinze mille pri-