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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/169

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— 1813 —

grande partie de ses régiments et son artillerie, et fait face aux nombreux corps qui l’ont suivi. Vers les dix heures du matin, des officiers qu’il a envoyés à la rencontre des corps dont il attend l’appui reviennent annoncer que la route, sur les derrières du corps d’armée, est complétement libre, mais qu’ils n’ont aperçu aucune troupe en marche pour le soutenir. À onze heures, de fortes décharges d’artillerie se font cependant entendre sur les hauteurs de Nollendorf et de Peterswalde, et l’on voit des colonnes épaisses d’infanterie descendre les rampes qui conduisent vers Kulm. « C’est l’Empereur ! » s’écrie-t-on dans tous les rangs de Vandamme. La joie fut de courte durée : les colonnes aperçues par nos soldats appartenaient au corps du général prussien Kleist, qui, errant depuis la veille dans les montagnes, s’efforçait en ce moment de regagner Tœplitz. Kleist, grâce aux hasards de cette fuite, se trouvait maître de la route de retraite de Vandamme. Ce général se voit entouré ; il ordonne à la cavalerie de Corbineau de charger les Prussiens ; cette cavalerie se précipite sur les premières troupes de Kleist, les culbute, et parvient à atteindre la crête du passage, puis à gagner le versant opposé. 10 à 12,000 fantassins, profitant de cette trouée, franchissent à leur tour le défilé de Peterswalde et rejoignent Corbineau. Le reste du corps d’armée de Vandamme, composé des divisions Dumonceau, Mouton-Duvernet et Philippon, rejeté et enfermé dans Kulm par un ennemi cinq fois plus nombreux, soutient pendant quatre heures une lutte désespérée et finit par poser les armes ; ils étaient près de 15,000, ayant avec eux 60 pièces de canon. L’ennemi ne se montra pas généreux envers ces prisonniers : conduit à Tœplitz, puis à Prague, Vandamme, dont on accusait la sévérité cupide dans le commandement de quelques provinces allemandes, y fut publiquement exposé sur une charrette, et abandonné aux insultes des paysans et des soldats.

Le désastre de Kulm, qui annula tout le fruit de la victoire de Dresde et porta un coup funeste à la confiance des chefs