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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/181

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— 1813 —

le courant l’emporta. Le maréchal Macdonald, plus heureux, parvint à gagner la rive.

Du demi-million d’hommes engagés sous les murs de Leipsick, le quart, 125,000 environ, périrent durant les trois jours de cette effroyable lutte. Les calculs les plus certains portent la perte des Français à 50,000 hommes, tant tués que prisonniers. Nous citerons, parmi les morts, le maréchal Poniatowski, les généraux de division Vial, Rochambeau et Delmas ; parmi les blessés, les maréchaux Ney et Marmont, les généraux de division Compans, Latour-Maubourg, Maison et Friedrich ; parmi les prisonniers, les généraux en chef Lauriston et Régnier, les généraux de division Charpentier, Rotnietzki (Polonais), Krasinzki (Polonais), Hochberg (Badois), et le prince Émile de Hesse-Darmstadt. La perte des coalisés fut encore plus considérable : elle ne fut pas moindre de 85,000 hommes, tués ou blessés. Ce chiffre s’explique par la rapidité et la justesse des coups de nos artilleurs, et par la profondeur des colonnes que leurs boulets venaient labourer. Les Autrichiens eurent 4 feld-maréchaux-lieutenants et 500 officiers de grades supérieurs tués ou blessés ; les Russes comptèrent 2 lieutenants généraux et 4 généraux-majors tués, 5 généraux-majors blessés ; la perte des Prussiens, en officiers généraux, ne fut pas moins considérable.

La puissance de Napoléon, déjà fortement ébranlée par la fatale retraite de Russie, reçut un coup mortel à Leipsick. C’était, en moins de quatorze mois, la troisième armée qui fondait, pour ainsi dire, en ses mains. L’effet politique de ce dernier désastre ne fut pas moins funeste que son résultat matériel. La défection gagna tous les alliés qui pouvaient nous rester encore. L’Europe entière s’ébranla contre la France. De tous les intérêts que l’Empire avait blessés, ou que la révolution avait meurtris, un seul, l’intérêt des Bourbons, ne se montra nulle part. Les princes de cette famille, oubliés de la France et de l’Europe, se bornaient à faire, pour le