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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/180

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— 1813 —

la route était arrivé. Voilà la vérité sur la destruction du pont de Leipsick, si diversement interprétée, destruction que quelques récits ont attribuée à la coupable négligence du colonel de Montfort, et qui fut seulement causée par l’erreur d’un subalterne placé sous les ordres de ce loyal officier.

Cependant les 7e, 8e et 11e corps, commandés par Régnier, Poniatowski et Macdonald, ayant avec eux 200 pièces de canon, étaient encore dans la ville, soutenant les efforts des Alliés ; toute retraite leur était fermée. Le combat dut continuer sur les boulevards, dans les rues, dans les maisons. Leipsick, encombré de morts et de mourants, ne tarda pas à présenter une horrible scène de désordre. Des édifices entiers sont abattus par le canon ; on se bat au milieu des décombres. Vainement les Français luttent en soldats qui n’attendent aucun quartier ; les masses qu’ils ont devant eux, incessamment poussées par d’autres colonnes qui pénètrent dans la ville par trois portes différentes, les accablent sous leur nombre. Des hommes isolés sont massacrés de sang-froid jusque sous les yeux des souverains alliés, qui venaient d’entrer à Leipsick après avoir donné l’ordre d’arrêter le vieux et noble roi de Saxe, coupable, à leurs yeux, d’une fidélité trop obstinée à la cause de Napoléon. Le carnage dura jusqu’à midi. Tous ceux qui ne tombèrent pas sous le plomb et la mitraille de l’ennemi, ou qui ne périrent pas égorgés, furent faits prisonniers. Quelques-uns essayèrent d’échapper en franchissant la Pleiss et l’Elster. La première de ces rivières n’opposa aux fuyards que peu d’obstacles ; mais la seconde, dont le lit, encaissé et bourbeux, a ses rives en quelque sorte coupées à pic, engloutit le plus grand nombre des fugitifs. Le maréchal prince Poniatowski fut une de ces victimes. Poursuivi par des cavaliers russes qui l’entourèrent à différentes reprises, et se frayant, chaque fois, un chemin à coups de sabre, il atteignit enfin l’Elster, et y lança son cheval ; mais, arrivé à l’autre bord, ce fut vainement qu’il essaya de gravir la berge ;