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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/183

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— 1813 —

bois et nous barraient le chemin. À cette nouvelle, un seul cri s’échappe de toutes les bouches : Tout est perdu ! nous sommes coupés ! Les débris composant l’armée se trouvaient, à la vérité, dans un tel état d’épuisement et de désordre, que la moindre lutte devait sembler un effort impossible. Le plus grand nombre des fantassins avaient jeté leurs fusils ; la plupart des cavaliers avaient à peine gardé leurs sabres ; les soldats ne marchaient plus par détachements, mais pêle-mêle, sans chefs, par troupes nombreuses où toutes les armes et tous les corps étaient confondus. Au milieu de cette masse d’hommes exténués de fatigue ou de besoin, et démoralisés, les bataillons et les escadrons de la garde conservaient seuls une apparence d’organisation. Enfin l’Empereur arrive ; il interroge plusieurs généraux arrêtés à l’entrée du bois ; ces mots sont leur unique réponse : « Il n’y a plus de ressources ; nous sommes coupés ! » La consternation est sur tous les visages, le désespoir dans tous les cœurs. Napoléon, conservant son sang-froid, s’efforce de ranimer les courages et donne des ordres ; de nouveaux officiers vont reconnaître la position ; leurs rapports annoncent qu’il faut renoncer à forcer le passage. L’Empereur fait appeler le général Drouot et le charge de visiter les lieux à son tour. Drouot revient, et dit qu’avec 50 bouches à feu et deux bataillons de la vieille garde il se fait fort d’ouvrir le chemin. L’Empereur se rend avec lui sur le terrain et s’avance devant le front des Bavarois, au milieu d’une grêle de balles et de boulets. Drouot le supplie de se retirer, de ne pas compromettre inutilement sa vie. « Mais il faut bien que je voie moi-même la position de l’ennemi, répond Napoléon. — Ayez confiance en moi, Sire, réplique Drouot ; je vous promets d’ouvrir le passage avec 50 bouches à feu. — Comment les placerez-vous ? » Drouot explique les dispositions qu’il compte prendre ; l’Empereur les approuve, et se retire pour activer l’arrivée de l’artillerie. À une heure de l’après-midi, 3 premières pièces sont amenées à Drouot ;