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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/184

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— 1813 —

d’autres suivent ; enfin, vers les trois heures, 50 bouches à feu se trouvent en batterie. Jusque-là, Drouot s’était borné à canonner les Bavarois de loin, sans sortir en plaine, et sous la protection du bois ; il porte alors ses 50 pièces en avant, mais sans montrer la moindre force pour les appuyer. La cavalerie ennemie, ainsi qu’il l’avait prévu, ne tarde pas à se rassembler en masse pour enlever cette batterie formidable que pas un seul détachement de troupe n’appuie et où se trouvent un certain nombre de pièces de 12, dont les boulets font d’énormes trouées dans les rangs bavarois ; quand Drouot voit cette cavalerie s’ébranler, il fait charger tous ses canons à mitraille et défend de tirer avant qu’elle soit à quarante pas ; les artilleurs obéissent ; les canons se taisent ; la cavalerie bavaroise s’avance. Au signal de Drouot, les 50 pièces font feu et foudroient l’ennemi. Napoléon lance aussitôt la cavalerie de sa garde sur cette masse de chevaux et d’hommes abattus, ou à demi broyés par la mitraille ; d’autres détachements suivent, achèvent la destruction de la cavalerie bavaroise, sabrent et, culbutent les carrés d’infanterie chargés de la soutenir. Drouot porte alors ses 50 pièces encore plus avant dans la plaine, et redoublant son feu, il force bientôt l’ennemi à se retirer en désordre. Ce général et son artillerie venaient de sauver l’armée ; ses débris purent continuer leur retraite. Le lendemain de cette victoire, la dernière que nous ayons gagnée de l’autre côté du Rhin, nos troupes arrivèrent à Francfort ; le 2 novembre, elles entraient à Mayence ; le Rhin était franchi.

On porte à 270,000 le nombre des soldats français, vieilles bandes ou nouvelles levées, qui, depuis le mois de mars précédent, avaient passé ce fleuve pour former, avec 50,000 hommes recueillis par Eugène de Beauharnais après la retraite de Russie, les deux armées qui firent la double campagne de 1813, la campagne qui précéda l’armistice de Plesswitz et celle qui suivit !a rupture du congrès de Prague. De ces