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— 1813 —

parut cependant cesser : le comte de Lobau reçut l’ordre de sortir de Dresde avec un nouveau corps de 15,000 hommes, et de marcher sur Torgau. Cette sortie était insuffisante ; le maréchal ne se décidait qu’à demi ; d’ailleurs, il était trop tard : non-seulement l’ennemi avait considérablement augmenté les troupes chargées du blocus de chaque place ; mais la population s’était levée en masse, et à chaque pas il fallait combattre. Lobau, après s’être avancé jusqu’à Drachenberg, dut se replier sur Dresde. La position du maréchal, à la suite de cette tentative incomplète, devint difficile : enfermé dans une ville mal fortifiée, au milieu d’habitants dont l’attitude se montrait chaque jour plus menaçante, dépourvu de vivres, sans munitions, il fut bientôt forcé d’écouter les propositions des généraux alliés qui le bloquaient dans Dresde. En pareille situation, des armées autrichiennes s’étaient plus d’une fois rendues prisonnières. Saint-Cyr ne pouvait accepter cette honte. Il consentit à sortir de Dresde, mais à la condition que toutes les troupes composant la garnison seraient ramenées en France. Cette capitulation, acceptée et signée par le général autrichien Kleineau et par le général russe Tolstoï, fut odieusement violée. Lorsque Saint-Cyr et ses régiments, au nombre de près de 50,000 hommes, après avoir déposé les armes, se furent avancés de quelques marches vers le Rhin, le généralissime autrichien Schwartzenberg déclara le maréchal et ses soldats prisonniers de guerre. À six semaines de là, la garnison de Dantzick devait se trouver victime de la même perfidie. Disons-le bien haut, à l’honneur de la France et à la honte de ses ennemis : il n’était pas une seule place forte du continent européen qui, depuis vingt ans, ne fût tombée au pouvoir des généraux de la République ou de l’Empire ; toutes les capitulations avaient été religieusement observées. On ne pourrait pas citer, dans l’histoire des longues et sanglantes guerres que nous eûmes à soutenir durant cette période, un seul exemple de la déloyauté dont firent preuve