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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/186

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— 1813 —

au général Bonnet l’ordre de se préparer à enlever, le lendemain, une partie du corps allié resté en observation devant la place, et de marcher ensuite, à la tête de 15,000 hommes dans la direction de Leipsick. Le 17, Bonnet prit le commandement des divisions Razout, Claparède et Mouton-Duvernet, et sortit de ses lignes ; ses dispositions étaient faites et il allait attaquer, lorsque le maréchal arriva sur le terrain et arrêta le mouvement. À quelques jours de là, lorsque la nouvelle du désastre de Leipsick et de la retraite de l’Empereur parvint à nos garnisons de l’Elbe, le comte de Narbonne, gouverneur de Torgau, le général Brun de Villeret, commandant les troupes, et le général Bernard, aide de camp de l’Empereur, que ses blessures avaient obligé de s’enfermer dans cette place, firent proposer au maréchal Saint-Cyr de prendre l’initiative d’un grand mouvement qui pouvait assurer le salut de toutes les troupes enfermées dans les places de cette ligne ; il s’agissait, pour le maréchal, de sortir de Dresde avec son corps d’armée, de descendre l’Elbe, de rallier les garnisons de Torgau, Wittemberg, Magdebourg et Hambourg, et de ramener en France, par le Hanovre et par la Hollande, cette masse de forces s’élevant ensemble à plus de 80,000 hommes. Qui saurait dire les résultats de cette opération sur les événements de 1814, si elle s’était réalisée ? Ce mouvement se trouvait implicitement indiqué dans quelques-uns des ordres adressés, depuis Düben, par l’Empereur, aux généraux enfermés dans les places de l’Elbe ; Saint-Cyr ne refusa pas de l’exécuter ; mais, au lieu de prendre rapidement son parti, il fit demander aux trois généraux, par son chef d’état-major, d’inutiles états de situation. Le 5 novembre, son irrésolution

    doute dans des faits de répercussion empruntés à des batailles ordinaires ; mais celle de Leipsick fut tout exceptionnelle : c’est la seule bataille moderne, nous le croyons, où près d’un demi-million d’hommes et 3,000 pièces d’artillerie furent engagés. Au reste, le maréchal Saint-Cyr et plusieurs des généraux sous ses ordres ont affirmé avoir positivement entendu le canon.