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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/195

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— 1813 —

liés, ceux-ci, à leur tour, semblaient bien moins pressés, comme on le voit, de donner suite à leurs propositions du 9 novembre. C’était le 2 décembre que Napoléon y avait adhéré ; à sept semaines de là, les Alliés n’avaient pas encore fixé le jour où pourraient se réunir les plénipotentiaires. Cette lenteur des ministres de la coalition à ouvrir les conférences dont eux-mêmes avaient pris l’initiative tenait à plusieurs causes : d’abord, à une succession de faits politiques et militaires que nous aurons à énumérer ; ensuite, au refus formel de l’Angleterre d’accéder à l’arrangement proposé.

Lord Aberdeen s’était empressé d’envoyer à sa cour une copie de la note remise à M. de Saint-Aignan. La lecture de ce document causa le plus vif mécontentement au Cabinet anglais, et le ministre spécialement chargé de la direction des affaires étrangères, lord Castlereagh, se hâta d’enjoindre à lord Aberdeen de remettre sur-le-champ aux Alliés une protestation énergique contre les bases de pacification arrêtées à Francfort. La dépêche qui accompagnait cet ordre met en pleine lumière les motifs secrets de cette guerre implacable, acharnée, sans trêve, que, depuis vingt-deux ans, l’Angleterre entretenait contre la France ; elle éclaire tous les actes de sa politique envers la République et l’Empire, et peut faire pressentir quelques-unes des transactions qui devaient être arrêtées après la lutte. Cette dépêche, datée du 13 novembre 1813, contient, entre autres passages, la déclaration suivante :

« Je dois particulièrement vous recommander de fixer votre attention sur Anvers. La destruction de cet arsenal est essentielle à notre sûreté. Le laisser entre les mains de la France, c’est nous imposer la nécessité d’un état de guerre perpétuel. Après tout ce que nous avons fait pour le continent, nos alliés nous doivent et se doivent à eux-mêmes d’éteindre cette source féconde de périls pour eux comme pour nous. Nous ne voulons pas imposer à la France des conditions déshonorantes comme le serait la délimitation du nombre de ses vaisseaux : mais il ne faut pas la laisser en possession d’Anvers. C’est là un point que, vous devez con-