Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
190
— 1813 —

grandeur de l’effort que Napoléon dut s’imposer pour lire cette note jusqu’au bout. Il fit plus : il y répondit. M. de Saint-Aignan était arrivé à Paris le 14 novembre au matin ; le surlendemain 16, le duc de Bassano, ministre des affaires étrangères, annonça à M. de Metternich que l’Empereur faisait choix de la ville de Manheim pour la réunion du congrès proposé par les souverains ; qu’il y serait représenté par le duc de Vicence, et que ce plénipotentiaire s’y rendrait aussitôt qu’on lui aurait fait connaître le jour indiqué pour l’ouverture des conférences. Cette réponse, nous devons le faire remarquer, gardait le silence le plus absolu sur les bases indiquées par les coalisés. Le ministre autrichien la soumit aux souverains ainsi qu’à leurs ministres, et répondit, le 25, au duc de Bassano : « que les Alliés acceptaient la ville de Manheim pour lieu de réunion, et qu’ils seraient prêts à entrer en négociation dès qu’ils auraient la certitude que S. M. l’Empereur des Français admettait les bases générales et sommaires indiquées à M. de Saint-Aignan, bases dont la lettre de M. de Bassano ne faisait aucune mention. » Le 2 décembre, le duc de Vicence, qui venait de remplacer M. de Bassano au ministère des relations extérieures, répondit, au nom de Napoléon, que l’Empereur adhérait aux bases générales et sommaires proposées. Le 10, M. de Metternich répliqua que cette adhésion avait été accueillie avec la plus vive satisfaction par les souverains de Russie, de Prusse et d’Autriche ; « mais, ajoutait ce ministre, il est nécessaire que ce consentement soit communiqué à tous les alliés de ces monarques ; immédiatement après la réception de toutes les réponses, les conférences pourront s’ouvrir. »

Si, au commencement de cette négociation, dans le but surtout d’éloigner le moment de l’entrée des Alliés sur notre territoire et de gagner du temps pour préparer ses moyens de défense, Napoléon avait volontairement retardé les préliminaires en évitant de se prononcer sur les bases posées par les Al-