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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/197

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— 1813 —

cérémonie eut lieu au jour indiqué. Napoléon s’y rendit avec la pompe habituelle, malgré un temps détestable, où nombre de gens virent un signe de sinistre augure ; le discours qu’il prononça contenait les passages suivants :

« Sénateurs, conseillers d’État, députés des départements au Corps législatif, d’éclatantes victoires ont illustré les armes françaises dans cette campagne ; des défections sans exemple ont rendu ces victoires inutiles : tout a tourné contre nous. La France même serait en danger sans l’énergie et l’union des Français.

Dans ces grandes circonstances, ma première pensée a été de vous appeler près de moi. Mon cœur a besoin de la présence et de l’affection de mes sujets.

Je n’ai jamais été séduit par la prospérité. L’adversité me trouverait au-dessus de ses atteintes.

J’ai plusieurs fois donné la paix aux nations lorsqu’elles avaient tout perdu. D’une part des conquêtes, j’ai élevé des trônes pour des rois qui m’ont abandonné.

J’avais conçu et exécuté de grands desseins pour la prospérité et pour le bonheur du monde !... Monarque et père, je sens ce que la paix ajoute à la sécurité du trône et à celle des familles. Des négociations ont été entamées avec les puissances coalisées. J’ai adhéré aux bases préliminaires qu’elles ont présentées. J’avais donc l’espoir qu’avant l’ouverture de cette session le congrès de Manheim serait réuni. Mais de nouveaux retards, qui ne peuvent être attribués à la France, ont différé ce moment, que presse le vœu du monde.

J’ai ordonné qu’on vous communiquât toutes les pièces originales qui se trouvent au portefeuille de mon département des affaires étrangères. Vous en prendrez connaissance par l’intermédiaire d’une commission. Les orateurs de mon conseil vous feront connaître ma volonté sur cet objet.

Rien ne s’oppose de ma part au rétablissement de la paix. Je connais et je partage tous les sentiments des Français : je dis des Français, parce qu’il n’en est aucun qui désirât la paix au prix de l’honneur.

C’est à regret que je demande à ce peuple généreux de nouveaux sacrifices ; mais ils sont demandés par ses plus nobles et ses plus chers intérêts. J’ai dû renforcer mes armées par de nombreuses levées : les nations ne traitent avec sécurité qu’en déployant toutes leurs forces.

Sénateurs, conseillers d’État, députés des départements au Corps législatif, vous êtes les organes naturels de ce trône : c’est à vous de donner l’exemple d’une énergie qui recommande notre génération aux générations futures. Qu’elles ne disent pas de nous : — Ils ont sacrifié