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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/209

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— 1814 —

difficile, en effet, de supposer que Napoléon ait voulu parler de 1810, année de son union avec Marie-Louise. Les fêtes de ce mariage, qui l’introduisait dans les vieilles familles monarchiques de l’Europe, auraient été assez mal choisies pour demander et pour obtenir des institutions politiques larges et sérieuses. L’Empereur, évidemment, faisait allusion aux derniers temps de son séjour en Saxe. Si la levée de boucliers du Corps législatif avait eu lieu au mois d’août précédent, il est probable que Napoléon se serait montré plus facile aux propositions des Alliés ; la paix aurait été signée à Prague.

« Est-ce le moment de faire des remontrances, de demander des institutions politiques, s’était écrié Napoléon, quand 200,000 Cosaques envahissent nos frontières ? » L’Empereur connaissait depuis quelques jours l’entrée des Alliés en Suisse ; son coup d’œil militaire ne l’avait pas trompé sur les résultats de ce mouvement. À l’heure même où il prononçait les paroles que nous venons de rappeler, deux armées, fortes ensemble de plus de 350,000 hommes, pénétraient, en effet, sur notre territoire. Ce fut dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier que ces deux armées franchirent la frontière : la première, sous les ordres du généralissime Schwartzenberg, s’avançait par la Suisse et par le haut Rhin sur les deux vallées du Doubs et de la Saône ; la seconde, commandée par le maréchal Blücher, avait franchi le Rhin entre Spire et Coblentz, et se dirigeait sur la haute Moselle et sur la Meuse. Les têtes de colonnes de l’une et de l’autre étaient tournées vers Paris ; mais, avant de descendre les vallées qui conduisent du Jura et des Vosges à cette capitale, toutes deux devaient manœuvrer de manière à pouvoir se joindre. Le plateau de Langres était le point désigné pour leur communication.

Les Alliés avaient hésité pendant six semaines avant d’oser franchir le Rhin. Redoutant, toutefois, en entrant sur notre territoire, de voir prendre à la résistance un caractère général et d’avoir à combattre une levée en masse, ils voulurent