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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/219

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— 1814 —

grande partie de ses forces sur les hauteurs où se trouve le château dans lequel Napoléon avait fait ses premières études militaires, et confia la défense de la ville basse aux deux corps russes de Sacken et d’Alsufief. Nos troupes, malgré les fatigues d’une longue marche faite par des chemins de traverse que la neige et la pluie avaient défoncés, ne furent arrêtées ni par la force de la position ni par le nombre ; elles attaquèrent sur tous les points, et enlevèrent successivement la ville et le château. Mais Blücher, la nuit venue, parvint à rallier la plus grande partie de ses troupes, continua son mouvement sur Troyes en remontant la rive droite de l’Aube, et se hâta de gagner Bar, où il espérait rencontrer Schwartzenberg.

Deux incidents signalèrent cette rencontre du 29. Au plus fort de la lutte, des tirailleurs français, franchissant la grande rue du château, se heurtèrent contre un gros d’officiers prussiens qui s’efforçaient de gagner la ville basse ; des coups furent aussitôt échangés ; nombre d’officiers ennemis tombèrent sous le fer et le feu de nos soldats, plusieurs furent pris ; quelques-uns seulement s’échappèrent à grand’peine. Parmi les prisonniers se trouvait un neveu de M. de Hardenberg, chancelier de Prusse ; il raconta que le groupe ainsi dispersé se composait de l’état-major général prussien, et que Blücher lui-même en faisait partie ; entouré à plusieurs reprises par nos tirailleurs, ce général n’avait dû, en effet, son salut qu’à une défense énergique et à la vigueur de son cheval.

À quelques heures de là, Napoléon, précédé de quelques aides de camp, et suivi par plusieurs généraux de sa maison, se retirait de Brienne au village de Maizières, son quartier général durant cette journée. Il était nuit noire. Dans ce moment, une bande de Cosaques rôdait entre le village et la ville, cherchant quelque occasion de butin. Le bruit causé par le pas des chevaux que montaient Napoléon et son escorte les fait accourir. Ils se ruent d’abord sur un des géné-