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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/221

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— 1814 —

rait pas moins un véritable échec : elle était la première bataille rangée de la campagne ; il nous fallait une victoire, et la journée se terminait par une retraite. Le chiffre des morts et des prisonniers fut, dit-on, le même de chaque côté ; on l’évalue à 12,000 pour les deux armées ; mais la perte n’était pas égale : elle s’élevait, pour nous, au septième environ des combattants, tandis qu’elle allait à peine au vingt-cinquième pour les Alliés.

Le maréchal Marmont avait été laissé en avant de Brienne pour masquer la retraite du corps principal ; ses troupes ne se montaient pas à 6,000 hommes. Lorsque le dernier peloton des régiments qui devaient suivre l’Empereur à Troyes eut traversé l’Aube, tous les ponts furent coupés, et le duc de Raguse se retira par la rive droite. L’ennemi lança plusieurs corps à la poursuite du maréchal. Le général bavarois de Wrède, entre autres, reçut l’ordre de forcer la marche, de tourner Marmont et de lui couper la route d’Arcis ; de Wrède gagna près de deux heures sur le duc de Raguse, et le devança au village de Rosnay-sur-la-Voire. Arrivé sur ce point, Marmont trouva le passage de la rivière gardé par un corps de 5,000 Bavarois établis sur une hauteur qui domine le village ; 20,000 autres soldats de la même nation arrivaient à marche forcée ; un fort parti de cavalerie alliée s’étendait déjà dans la plaine. La Voire n’est pas guéable ; Wrède renouvelait la même manœuvre qu’à Hanau ; le danger pour nos troupes était semblable ; le corps de Marmont, coupé de sa route, courait risque d’être forcé et détruit. Le maréchal, voyant le péril, prend trois bataillons, se met à leur tête, monte au pas de charge la colline de Rosnay, aborde l’ennemi sans s’arrêter et le culbute. Quelques escadrons de cuirassiers, chargeant aussitôt avec la plus grande vigueur, complètent la déroute ; tout ce qui avait passé la Voire fut tué, noyé ou pris, et Marmont put arriver à Arcis au même moment où Napoléon entrait dans Troyes.