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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/222

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— 1814 —

Troyes, ville ouverte, ne présentait pas un point de résistance sérieuse. En se renfermant dans cette ville, Napoléon laissait d’ailleurs tous les autres chemins de Paris ouverts aux coalisés. Le 6 février au matin, après trois jours de repos donnés à ses troupes, il quitte le chef-lieu du département de l’Aube, et, le 7, arrive à Nogent-sur-Seine. Son double mouvement de flanc et de retraite, depuis Saint-Dizier, l’avait rapproché de Paris d’environ vingt-cinq lieues. Cette marche constamment rétrograde portait le découragement dans toutes les âmes ; les populations commençaient à croire que Napoléon lui-même abandonnait sa cause. — Où donc nous arrêterons-nous ? disaient à leur tour les soldats.

L’Empereur n’était pas moins inquiet. La seconde journée de Brienne venait de renverser tous ses plans. Il avait manœuvré pour isoler les principaux corps ennemis, pour les attaquer séparément, et, par une fatalité déplorable, c’était précisément contre leurs masses réunies à la Rothière qu’il avait dû combattre, c’était devant elles qu’il était forcé de se retirer. En continuant à marcher sur lui, elles pouvaient le contraindre de reculer jusqu’aux barrières de la capitale de l’Empire. Ce n’est pas tout : des nouvelles de Paris lui apprenaient que le maréchal Soult, obligé d’abandonner Bayonne, venait de laisser la route de Bordeaux ouverte et de se replier sur Toulouse ; que le général Maison, malgré les efforts des troupes sous ses ordres, avait, à son tour, été forcé d’abandonner la Belgique et de s’abriter derrière la ligne de places fortes qui défend le département du Nord. Enfin, comme si tous ces coups ne suffisaient pas, il reçut du duc de Vicence des dépêches de nature à lui enlever tout espoir de négociation.

Le projet d’un congrès pour la pacification de l’Europe n’avait pas été officiellement abandonné ; de chaque côté, on avait continué de prononcer le mot de négociations, mais faiblement, par intervalle, et dans l’unique but de persuader