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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/232

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— 1814 —

Après la bataille de la Rothière, Napoléon avait autorisé le duc de Vicence à accepter les anciennes limites, c’est-à-dire à obtenir la paix au prix de sacrifices territoriaux qui obligeaient la France de rentrer dans les frontières de l’ancienne Monarchie. Après les victoires de Champaubert, de Montmirail, de Vauxchamps, et la dispersion de l’armée de Blücher, l’Empereur n’avait pas révoqué formellement ces instructions, mais il défendait à son plénipotentiaire « de rien signer sans son ordre. » Les derniers avantages qu’il a remportés sur Schwartzenberg, la retraite précipitée à laquelle il vient de l’obliger, la suspension d’armes qui lui est demandée, modifient encore une fois ses résolutions. Ses espérances sont revenues, ses prétentions grandissent, ce sont d’autres conditions qu’il entend exiger, et, sous cette impression, il écrit à son frère Joseph la lettre suivante :

Nangis, 18 février.

« Le prince de Schwartzenberg vient enfin de donner signe de vie. Il vient d’envoyer un plénipotentiaire pour demander une suspension d’armes. Il avait constamment refusé, dans les termes les plus insultants, toute espèce de suspension, d’armistice, même de recevoir mes parlementaires, après la capitulation de Leipsick, celle de Dresde, violations horribles dont on trouverait peu d’exemples dans l’histoire. Ces misérables, au premier échec, tombent à genoux. Heureusement qu’on n’a pas laissé entrer l’aide de camp du prince de Schwartzenberg. Je n’ai reçu que sa lettre. Je n’accorderai aucun armistice qu’ils n’aient purgé mon territoire. D’après les nouvelles que j’ai, tout a changé chez les Alliés. L’empereur de Russie, qui, il y a peu de jours, avait rompu les négociations, parce qu’il voulait pour la France des conditions pires que les anciennes limites, désire les renouer ; et j’ai l’espérance que j’arriverai promptement à une paix fondée sur les bases de Francfort, ce qui est le minimum de la paix que je puisse faire avec honneur.

Avant de commencer mes opérations, je leur ai fait offrir de signer sous la condition des anciennes limites, pourvu qu’ils s’arrêtassent sur-le-champ. Cette démarche a été faite par le duc de Vicence, le 8. Ils ont répondu négativement, en disant que même la signature des préliminaires n’arrêterait pas les hostilités, lesquelles ne pouvaient l’être que lorsque tous les articles de la paix seraient signés. Cette inconcevable réponse a été punie ; et hier, 17, ils me demandent un armistice ! Vous