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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/231

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— 1814 —

les forces conduites par Napoléon. Chaque coup qu’il frappait entamait et faisait reculer l’ennemi placé devant lui ; mais il se multipliait en vain pour arrêter le torrent humain qui se précipitait alors sur la France : refoulé sur un point, le flot envahisseur débordait partout où Napoléon n’était pas, partout où il n’était plus. C’est ainsi que les Autrichiens avaient profité de la marche de l’Empereur sur la Marne pour forcer le passage de la Seine à Nogent, à Bray, à Montereau, et pour s’approcher de Paris en descendant les deux rives du fleuve. Les ducs de Bellune et de Reggio, chargés de disputer le terrain, n’avaient pu résister au nombre ; vainement chaque pouce du sol qu’ils avaient cédé avait été marqué par un combat ; les progrès de l’ennemi étaient si rapides, que le 16, dans la journée, les équipages des deux maréchaux avaient déjà gagné Charenton, et que Paris, en alarmes, s’attendait à voir le lendemain, à ses portes, les avant-gardes alliées.

Napoléon, à ces nouvelles, cesse de poursuivre Blücher, et court à la rencontre de Schwartzenberg. Il trouve dans le patriotisme de la population des campagnes une aide qui jamais, du reste, ne lui a manqué ; nos soldats harassés doublent leurs étapes sur les voitures que les habitants de chaque village mettent à leur disposition ; l’artillerie elle-même est conduite en poste. L’armée fait 30 lieues en 36 heures. C’est à Guignes, à 8 lieues seulement de Paris, que, le 16 février, l’Empereur rencontre les premières colonnes autrichiennes. À la vigueur des coups portés immédiatement à Mormant, à Donnemarie, à Nangis, où deux de ses divisions sont complétement détruites ; à la vue de ses régiments rejetés les uns sur les autres et couvrant bientôt tous les chemins de leurs morts et de leurs blessés, Schwartzenberg reconnaît la présence de Napoléon ; il ordonne aussitôt la retraite, et, précédé par les souverains, rétrograde précipitamment sur Troyes après avoir dépêché un de ses officiers, le comte de Parr, à l’Empereur pour en solliciter une suspension d’armes.