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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/238

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CHAPITRE V


Manifestation royaliste à Troyes ; exécution du chevalier de Gouault. — État de l’opinion au mois de février 1814. — Conférence militaire de Lusigny. — Première reddition de Soissons ; réunion de tous les corps de l’armée de Blücher ; ce général s’avance une seconde fois sur Paris. — Napoléon quitte Troyes et marche sur la Marne pour arrêter le mouvement des Prussiens ; il arrive à la Ferté-sous-Jouarre. — Blücher met la Marne entre les Français et lui, et se retire sur l’Aisne ; Napoléon le poursuit ; seconde capitulation de Soissons ; Blücher se retire sur Laon. — Bataille de Craonne ; les Prussiens, maîtres de Laon, sont attaqués par Napoléon, qui se replie à son tour sur l’Aisne, occupe Soissons et chasse les Russes de Reims. — Second mouvement de Schwartzenberg sur Paris : Napoléon marche sur la Seine ; panique des souverains alliés ; ils rétrogradent encore au delà de Troyes. — Napoléon manœuvre pour opérer sur les derrières de l’ennemi ; bataille d’Arcis-sur-Aube. — Pointe de Napoléon sur Saint-Dizier ; décret de levée en masse ; nouveau plan de campagne. — Traité de Chaumont. — Congrès de Châtillon ; sa rupture. — Concentration de toutes les forces alliées à Châlons-sur-Marne ; elles se portent en masse sur Paris. Napoléon quitte Saint-Dizier, traverse Troyes, Sens, Fontainebleau, et arriva à cinq lieues de Paris, le 30 mars, à dix heures du soir.

Deux officiers d’origine française faisaient partie de l’état-major de l’empereur Alexandre : le comte de Rochechouart, émigré, et l’ex-adjudant général Rapatel, ancien aide de camp de Moreau. Pendant les seize à dix-huit jours qu’ils venaient de passer à Troyes, ces officiers s’étaient naturellement mis en rapport avec les rares habitants demeurés fidèles au culte de la vieille Monarchie ; dans leurs entretiens avec ceux-ci, tous deux témoignaient sans cesse leur étonnement du complet oubli où était tombée la cause de la royauté ; ils avaient pénétré jusqu’au centre de la France, disaient-ils, et pas un cri, pas un signe dans les villages ou dans les villes traversées par eux, n’avait annoncé qu’il existât encore des royalistes. Leurs