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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/254

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— 1814 —

Châtres, revient sur ses pas, franchit de nouveau les ponts de Méry-sur-Seine et Plancy-sur-Aube, et là, quittant le chemin de Fère-Champenoise et d’Épernay, il remonte la rive droite de l’Aube. À midi, l’Empereur se trouvait à la hauteur d’Arcis. L’Aube sépare cette ville de la route que suivaient alors les troupes impériales. Cette route est coupée, en face d’Arcis, par le grand chemin qui, traversant la ville et son pont, conduit de Troyes à Châlons. Arrivée au point d’intersection, notre avant-garde aperçoit de l’autre côté de la rivière, dans la direction de Troyes, un corps assez considérable de troupes qui semblaient hâter leur marche pour arriver à Arcis. L’Empereur ne devait pas entrer dans cette ville, mais la laisser sur sa droite. Cependant il ordonne une reconnaissance ; des éclaireurs franchissent aussitôt le pont, traversent Arcis et se jettent sur les détachements alliés les plus avancés. La résistance que rencontrent nos soldats est opiniâtre ; Napoléon les fait soutenir ; l’ennemi reçoit également quelques renforts : des deux parts le nombre des combattants continue à s’accroître ; bientôt des colonnes entières se trouvent engagées ; au bout d’une heure ou deux, ce combat d’avant-garde devient une affaire sérieuse. Voici l’explication de ce nouvel incident.

Une fois les masses de Schwartzenberg ralliées à Troyes, les chefs coalisés avaient tenu conseil pour arrêter une dernière et décisive résolution. Le prince de Schwartzenberg et le roi de Prusse avaient opiné pour éloigner encore le quartier général et pour le reporter au delà de la Seine et de l’Aube. L’empereur de Russie admettait l’impossibilité de se maintenir sur ces deux rivières ; mais il ne consentait à quitter cette ligne que pour se porter sur Châlons, y rallier Blücher, unir ainsi, dans la vallée de la Marne, toutes les forces de la coalition et marcher ensuite sur Paris avec une telle masse de soldats, que leur seul poids dût suffire pour écraser les troupes peu nombreuses chargées de les arrêter. Toute opération d’at-