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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/257

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— 1814 —

au retour de sa pointe sur Laon, des courriers, expédiés par les autorités civiles ou militaires des départements compris entre la haute Marne et le Rhin, lui avaient annoncé que le mouvement de retraite de Schwartzenberg, après les affaires de Mormant, Nangis et Montereau, avait agité les populations jusqu’au delà de la Lorraine et de l’Alsace. Les habitants des Vosges, enhardis par le passage de détachements autrichiens rétrogradant vers le Rhin, s’étaient soulevés et avaient fait éprouver à l’ennemi des pertes énormes sur toutes les routes. Dans le département de la Meuse, près de Bar-sur-Ornain, les habitants de plusieurs villages, réunis en partisans, avaient tué un général russe et dispersé tout un régiment qui lui servait d’escorte. Les garnisons de Verdun, de Metz, faiblement observées, faisaient des sorties continuelles et envoyaient des partis jusqu’aux portes de Saint-Mihiel et de Nanci. La garnison française de Mayence arrêtait une partie des renforts venant de la Saxe et de la Silésie. Enfin, toutes les populations de la rive gauche du Rhin se montraient disposées à seconder les efforts des autorités et des troupes impériales.

Ces nouvelles, jointes à l’impuissance de son système de défense régulière, avaient décidé Napoléon à recourir enfin au moyen de résistance le plus énergique et le plus sûr pour les empires envahis, à la levée en masse, à l’insurrection nationale. Le 5 mars, cinq mois seulement après l’entrée de Wellington sur le territoire français, plus de deux mois après l’invasion de la Lorraine, de l’Alsace et des Vosges par les masses de la coalition, quinze jours seulement avant la bataille d’Arcis, la dernière que Napoléon devait livrer, il avait signé, à Fismes, deux décrets ainsi conçus :

« I. — Considérant que les généraux alliés ont déclaré qu’ils passeraient par les armes tous les paysans qui prendraient les armes, décrétons :

Art. 1er. — Tous les citoyens français sont non-seulement autorisés à courir aux armes, mais requis de le faire ; de sonner le tocsin aussitôt