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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/274

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— 1814 —

d’autres générations leur avaient succédé. Habitudes, opinions, intérêts, tout était si profondément changé, que ce furent plusieurs bataillons de gardes nationaux bretons qui, le 18 février, à Montereau, enlevèrent, aux cris de Vive l’Empereur ! le faubourg situé en avant des ponts, et que, le 25 mars, à Fère-Champenoise, lorsque les maréchaux Marmont et Mortier se retiraient, poussés vers Paris par la masse des armées alliées, on put voir 3,000 conscrits vendéens, entourés par des forces décuples, se battre en héros pour la cause impériale et se faire tuer plutôt que de rendre leurs armes aux alliés de ces Bourbons pour lesquels leurs pères, durant cinq années, avaient résisté à tous les efforts de la République. La manifestation attendue par le duc de Berri et par son oncle ne se produisit donc pas ; le jeune prince ne devait mettre le pied en France que trois mois après son arrivée à Jersey, lorsque déjà la Restauration était officiellement installée aux Tuileries.

Le comte d’Artois n’obtint pas un meilleur succès. Débarqué en Hollande vers le milieu de janvier, et n’osant pas s’aventurer à la suite des corps russes et prussiens qui s’avançaient alors en Belgique, il avait gagné l’Allemagne, remonté la rive droite du Rhin, en mettant constamment une grande distance entre lui et les garnisons impériales assises sur ce fleuve, et était venu attendre en Suisse le moment de franchir la frontière française. Lorsque la nouvelle du premier mouvement de Schwartzenberg sur Paris lui arriva, ce prince crut l’instant favorable pour s’avancer plus loin, et le 19 février, il entra en France par Pontarlier, accompagné des comtes de Trogoff, de Walls, François d’Escars, Melchior de Polignac ; du marquis de Vidranges, accouru de Troyes après l’équipée du 11 février ; de l’abbé de Latil, et du comte de Bruges, qui arrivait du quartier général allié, où il avait sollicité vainement un sauf-conduit pour se rendre à Châtillon, afin d’y représenter, auprès du congrès, les intérêts de la maison de Bourbon.