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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/283

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— 1814 —

et de 2 à 3.000 individus, curieux ou désœuvrés, également prêts à siffler ou à applaudir, selon l’impression du moment. Les 40 volontaires, quand parut le duc, firent entendre les cris de vive le roi ! vive le duc d’Angoulême ! Ces cris, dont l’étrangeté laissait la masse des assistants étonnée et indécise, ne rencontrèrent d’abord qu’un écho assez faible. Mais le prince ayant répondu aux acclamations des volontaires par ces mots : Plus de guerre, plus de conscription, plus de droits réunis, plus d’impôts vexatoires ! un subit enthousiasme gagna jusqu’aux plus indifférents. Plus de guerre ! plus de conscription, plus de droits réunis ! répéta la foule enivrée. Ces cris accompagnèrent le prince jusque dans la ville, et lui acquirent, dès le jour même, une popularité qu’il aurait vainement demandée à ses droits et à son titre. Le drapeau blanc fut immédiatement arboré sur les principaux édifices publics ; un député au Corps législatif, membre de la Commission des Cinq, M. Lainé, prit la direction de l’administration départementale, et le duc, installé au Palais-Royal, reçut des députations, entendit des adresses, et distribua des cocardes blanches et des rubans blancs.

Ce mouvement ne put dépasser le pont de Bordeaux ; il s’arrêta en même temps que les soldats de Beresford. Malgré le séjour prolongé du neveu de Louis XVIII dans cette populeuse cité, pas une ville, pas un seul des villages placés entre la Garonne et la Loire ne déserta la cause impériale. De Bayonne à Bordeaux, sur la route suivie par l’armée anglaise, deux petites localités, Roquefort et Bazas, furent les seules où le passage du duc d’Angoulême avait fait arborer quelques cocardes blanches et pousser des cris de vivent les Bourbons ! La manifestation si vantée du Midi, en 1814, ne produisit rien au delà. Son impuissance, au reste, fut si profonde, que les royalistes de Bordeaux, au bout de quelques jours, effrayés de leur audace et tremblants à la pensée des châtiments qu’elle pouvait appeler sur eux, supplièrent le duc d’Angoulême de demander