Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
— 1814 —

l’étendue de la division militaire dont Bordeaux est le chef-lieu, formaient à peine un effectif de 450 à 500 hommes. Toute résistance devenait impossible. Le 11, à l’approche du corps d’armée britannique, les troupes et les principales autorités impériales franchirent la Gironde et se retirèrent sur Libourne. Lorsque le dernier soldat, le dernier gendarme, eurent passé le fleuve et laissé les royalistes sans avoir à craindre l’opposition d’un seul homme armé, M. Taffard de Saint-Germain se transporta à l’hôtel de ville, et là, en qualité de commissaire du roi Louis XVIII, maintint le comte Lynch dans ses fonctions de maire, MM. de Puységur, de Labroue, Both de Tauzia, dans leurs fonctions d’adjoints, et reçut leurs serments.

Les 15,000 Anglais de Beresford, après avoir successivement traversé Saint-Sever, Roquefort et Bazas, s’étaient arrêtés au pont de la Maye, à moins d’une lieue de Bordeaux. Le 12 mars au matin, ils se remirent en marche. Les autorités municipales se portèrent à leur rencontre. Une fois hors des murs, M. Lynch arracha la cocarde tricolore de son chapeau, la jeta par terre, et, arrivé devant le général, compléta sa métamorphose en arborant la cocarde blanche et en ôtant de sa boutonnière la croix de la Légion d’honneur. « Mais, monsieur, lui dit lord Beresford, vous allez beaucoup trop loin ; vous vous compromettez ; on négocie en ce moment, à Châtillon, avec Napoléon... Au reste, ajouta-t-il après un moment de réflexion, faites ce que vous voudrez ! vos dissensions intérieures ne me regardent pas. Je prends possession de Bordeaux au nom du roi mon maître. » Puis il continua sa route. Le cortége laissa les troupes anglaises s’avancer vers la ville, et se porta au-devant du duc d’Angoulême, qui marchait derrière la première colonne.

Ce cortége, que précédait le corps municipal, se composait de 40 volontaires à cheval, élite de la jeunesse dorée bordelaise, d’un petit nombre d’anciens privilégiés et de négociants qu’entraînait le désir de voir le prince, de saluer sa venue,