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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/306

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— 1814 —

d’une pièce à l’autre, quelques-uns pleurant, tous dans le plus grand trouble. À huit heures, les voitures de voyage vinrent se ranger dans la cour, devant le péristyle du pavillon de Flore.

Le départ avait été fixé à neuf heures. Mais, tout entière à l’attente de la visite que Joseph lui avait promise, et de quelque incident imprévu qui viendrait la retenir, la jeune Impératrice retardait, de quart d’heure en quart d’heure, le moment de quitter ce palais qu’elle ne devait plus revoir. Vainement le duc de Feltre lui dépêchait messager sur messager pour la presser de se mettre en chemin ; une démarche faite par les officiers de la garde nationale et par ceux des autres corps, de service aux Tuileries, contribuait encore à sa résistance : tous étaient venus la conjurer de ne pas quitter Paris. Ainsi placée entre ces sollicitations contraires, voulant rester et ne l’osant pas, elle se jette dans un fauteuil et se met à pleurer. « Mon Dieu ! disait-elle au milieu de ses larmes, ils me laissent seule ! À quoi donc me décider ? » Vers les dix heures, le duc de Feltre lui fit dire qu’elle n’avait plus un moment à perdre, et que, si elle tardait plus longtemps, elle s’exposait à tomber dans les mains d’un parti de Cosaques. Pendant une demi-heure elle attendit encore le rapport que Joseph s’était engagé si formellement à lui faire ; mais ce prince continua à ne pas donner signe de vie ; cet effort fut le dernier : Marie-Louise annonça qu’elle était prête à descendre avec son fils ; ce jeune enfant poussait les hauts cris ; il refusait de quitter les appartements du palais ; sa gouvernante fut obligée de l’emporter dans ses bras. Il était dix heures et demie lorsque l’Impératrice, vêtue d’une amazone de couleur brune, prit enfin place avec le roi de Rome dans une voiture qu’entourait un fort détachement de la garde impériale, et que suivait une ligne interminable d’équipages où se trouvaient quelques-uns des grands dignitaires de la couronne ainsi que les personnes attachées à sa maison et à la personne