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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/316

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— 1814 —

impossible de pousser plus loin l’impéritie ; deux faits achèveront de donner la mesure des hommes à qui un hasard fatal et l’aveugle imprévoyance de l’Empereur, véritable vertige, remettaient le sort de la capitale de l’Empire.

Les abords de Paris, sur un cinquième environ de la circonférence de cette capitale, sont défendus par une chaîne de collines abruptes, continues, qui s’étendent depuis Rosny, à la hauteur des villages de Montreuil et de Charonne, jusqu’au faubourg de la Villette. Le point saillant et central de cette chaîne est Romainville. Le sol présente peu de mouvement entre la Villette et Montmartre ; cet espace était seulement défendu par le faubourg de la Chapelle et par les nombreuses maisons bâties en dehors des barrières qui séparent ces deux points. De Montmartre à Neuilly, les avenues du mur d’octroi ne se trouvaient également protégées que par les édifices et les enclos construits entre ces deux communes. On sait que, de l’autre côté de la Seine, Paris est facilement abordable sur tous les points. Ce fut précisément par la ligne des fortifications naturelles, comprises entre Rosny et la Villette, que les Alliés attaquèrent les approches de Paris ; et le premier point sur lequel ils se portèrent fut le saillant de Romainville. Quelques fortifications de campagne, un petit nombre de batteries, suffisamment approvisionnées et bien servies, auraient arrêté le premier effort de l’ennemi. Malheureusement il n’existait de retranchements nulle part ; toutes les avenues de la capitale avaient été laissées ouvertes ; aucune résistance n’était préparée ; on n’avait pas donné un seul coup

    sous les armes. Je faisais de bien tristes réflexions en voyant la ville d’Orléans pleine de troupes ; nous en avions laissé encore bien davantage à Blois, où s’étaient successivement retirés les dépôts qui étaient à Versailles et à Chartres, ainsi que la colonne des troupes de la garde impériale qui accompagnait l’Impératrice, et cela, d’après les dispositions du ministre de la guerre. Comment tout cela n’avait pas été réuni aux corps des maréchaux Mortier et Marmont qui défendaient Paris ? On ne peut en donner une autre raison, sinon qu’on ne l’avait pas voulu. Ces divers détachements s’élevaient à plus de vingt mille hommes. » (T. VII, pages 169 et 170.)