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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/315

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— 1814 —

garde, dont Joseph était l’inutile commandant en chef, avait-il réclamé ; Hullin ne voulut rien rendre ; il lui fallait, disait-il, un ordre de l’Empereur ; l’ordre ne vint jamais. Tous ceux des gardes nationaux qui, dans le courant de février et de mars, voulurent s’armer, furent donc obligés de se pourvoir au hasard. Aussi, à une revue passée le 27, trois jours auparavant, dans la cour des Tuileries, et où ils se trouvèrent 12,000, voyait-on, à côté d’un certain nombre de fusils de calibre, des fusils de prisonniers russes, autrichiens et prussiens, achetés à bas prix, une plus grande quantité de fusils de chasse, et des compagnies entières armées seulement de piques ornées de banderoles tricolores, piques que l’on délivrait dans les mairies aux seuls gardes nationaux, après dépôt préalable, ici de 10 fr., là de 20 fr.[1]. Il y a plus : le 29 au matin, lorsqu’on ne connaissait pas encore aux Tuileries le hasard providentiel qui amenait sous Paris les deux corps de Marmont et de Mortier, Joseph et Clarke faisaient sortir de cette capitale la partie la plus vigoureuse des dépôts de la garde impériale pour former à l’Impératrice une inutile escorte de près de 4,000 hommes d’infanterie et de cavalerie. Ces soldats d’élite, ainsi que nous l’avons dit, sortaient par la barrière de Passy, se rendant à Blois, au même moment où l’avant-garde des Alliés établissait déjà quelques batteries sur le canal Saint-Martin et s’emparait des approches de Romainville[2]. On croirait qu’il est

  1. On donnait, par dérision, aux hommes de ces compagnies, le nom de Picards. — « Il y avait plus d’un mois que la garde nationale demandait avec instance qu’on lui délivrât des fusils de munition au lieu de ces piques ridicules avec lesquelles on l’avait en grande partie armée ; elle avait plusieurs fois renouvelé sa demande sans pouvoir rien obtenir. J’en avais écrit à l’Empereur, qui m’avait répondu : « Vous me faites une demande ridicule : l’arsenal est plein de fusils, il faut les utiliser. » (Mémoires du duc de Rovigo, t. VII, p. 9.)
  2. Le duc de Rovigo, ministre de la police, ne quitta Paris, le 30 mars, que dans la soirée, après la bataille ; il alla rejoindre l’Impératrice à Blois, et l’accompagna ensuite à Orléans. On lit dans ses Mémoires, à l’occasion de l’entrée de Marie-Louise dans cette dernière ville : « L’Impératrice arriva à Orléans, où on lui fit encore une réception de souveraine. Les troupes étaient