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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/318

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— 1814 —

de Belleville, qu’il n’avait jamais étudiées comme position militaire ; trouvant un terrain coupé dans toutes les directions par de nombreux murs de jardins, il lui parut indispensable d’y pratiquer de larges ouvertures pour faciliter les mouvements de la cavalerie et de l’artillerie ; ses soldats, harassés de fatigue, étaient, en outre, sans pain, et avaient besoin des forces qui leur restaient pour la lutte du lendemain. Le maréchal se rendit donc en personne au ministère de la guerre, afin de demander des vivres pour les hommes, du fourrage pour les chevaux, et d’obtenir que quelques travaux fussent faits dans la nuit. Clarke demeura invisible comme Joseph ; Marmont, quelles que fussent ses instances, ne put voir que le secrétaire de ce ministre, auquel il laissa, en désespoir de cause, un mot dont Clarke ne prit connaissance que le jour suivant. « Tout demeurait à l’abandon, a raconté un des principaux officiers du duc de Raguse. On croira difficilement que quand nos troupes arrivèrent, le 29, à Charenton, à Belleville, etc., elles n’y trouvèrent pas une seule ration de vivres ou de fourrages, et que, le lendemain, plus de 300 hommes combattirent pieds nus[1]. »

Voilà sous quels auspices s’ouvrit, à quelques heures de là, le 30 mars au matin, la lutte désespérée connue sous le nom de bataille de Paris.

Les troupes des ducs de Raguse et de Trévise, réunies aux deux petits corps des généraux Arrighi et Compans, furent les

  1. Colonel Fabvier. Journal des opérations du 6e corps, page 66.
    Une note publiée précisément à l’occasion de ce passage, par M. Brucy, ancien secrétaire général de la direction générale des vivres de la guerre contient les faits suivants :
    « La direction générale des subsistances militaires préparait les quantités de vivres qui lui étaient demandées par le ministre de la guerre et les faisait diriger sur le quartier général de la grande armée quand le ministre ne lui prescrivait pas une autre destination. Chaque jour il partait des convois considérables. Les 28 et 29 mars, il était parti de Paris 60,000 rations de pain, 20,000 rations de vin et 20,000 rations d’eau-de-vie ; mais ce convoi avait dû rétrograder et était rentré dans la capitale. Sans doute il aurait été facile d’en disposer