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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/332

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— 1814 —

troupe d’infanterie ne soutenait les 28 pièces de ces jeunes gens, qui, chargés avec vigueur par les cavaliers alliés, s’étaient vus obligés d’abandonner leurs canons et de se retirer sous la protection de deux autres batteries de 6 pièces chacune, placées à la barrière du Trône, et que manœuvraient des artilleurs à cheval ainsi que des canonniers de marine. Quelques coups de mitraille, tirés par ces derniers, permirent à une compagnie de cuirassiers et à quelques pelotons de gendarmes qui se trouvaient là de charger l’ennemi. Les élèves reprirent leurs pièces, et purent ainsi défendre le passage de la chaussée contre le prince de Wurtemberg, qui, arrêté par leur feu, tourna le bois de Vincennes par Fontenay, Nogent et Saint-Maur, descendit la rive droite de la Marne, et s’empara du pont de Charenton.

Blücher ne devait pas rencontrer la même résistance. Ne pouvant croire que Montmartre n’était pas fortifié, il ne s’en approchait, comme on l’a vu, qu’avec les précautions les plus grandes. Ce fut à trois heures et demie seulement que ses premiers détachements parurent au pied de la butte. Quelques obus et quelques boulets furent lancés contre eux ; mais, à quatre heures, il ne restait plus un seul homme armé sur ce point. Blücher l’occupa immédiatement en force, et, à quatre heures et demie, les 8 pièces que nos soldats y avaient laissées étaient tournées contre Paris et jetaient sur les faubourgs les plus rapprochés des boulets et des obus[1].

Il était près de quatre heures lorsque Marmont connut le double mouvement de Blücher et du prince de Wurtemberg :

  1. Un boulet tomba dans un terrain vague, derrière Tivoli, au milieu d’une troupe d’enfants occupés à jouer, et qui, courant après ce projectile, le ramassèrent. Un homme fut blessé par un autre boulet dans une maison de la rue Saint-Nicolas-d’Antin. Un obus éclata dans les jardins de l’hôtel Thelusson (la rue Neuve-Laffitte occupe aujourd’hui l’emplacement de ces jardins) ; un second tomba rue de Clichy, dans les jardins de M. Greffulhe. Enfin, un nouveau boulet, après avoir renversé une cheminée de la maison n° 8 de la rue Basse-du-Rempart, vint tomber dans le jardin de l’hôtel de Gontaut, rue Louis-le-Grand.