Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
335
— 1814 —

que je devais me porter sur Fontainebleau. — Que fait Joseph ? où est le ministre de la guerre ? — Je l’ignore ; nous n’avons reçu aucun ordre de l’un ni de l’autre de toute la journée, chaque maréchal agissant pour son compte : on ne les a point vus aujourd’hui à l’armée, du moins au corps du duc de Trévise. — Allons, il faut aller à Paris : partout où je ne suis pas, on ne fait que des sottises ! »

L’Empereur était dans une agitation extrême ; il marchait à pas inégaux et précipités. « Il fallait, messieurs, tenir plus longtemps, répétait-il sans cesse ; il fallait tâcher d’attendre l’armée, il fallait remuer Paris, qui ne doit pas aimer les Russes, mettre en action la garde nationale, qui est bonne, et lui confier la défense des fortifications que Joseph et le ministre de la guerre ont dû faire élever et hérisser d’artillerie ; elle les aurait sûrement bien gardées, tandis que les troupes de ligne auraient combattu en avant sur les hauteurs et dans la plaine. — J’ai l’honneur de répéter à Votre Majesté, Sire, qu’on a fait aujourd’hui plus qu’il n’était possible ; l’armée entière, composée de 15 à 18,000 hommes, a résisté à plus de 100,000 jusqu’à quatre heures. — Tout cela est étonnant ! Combien aviez-vous de cavalerie de votre côté ? — 1,800 chevaux, Sire, y compris la brigade d’Autencourt. — Mais Montmartre fortifié, garni de gros canons, devait faire une vigoureuse résistance. — Heureusement, Sire, l’ennemi l’a cru comme vous, et voilà pourquoi il ne s’en est approché qu’à la fin de la journée et avec de grandes précautions ; cependant il n’en était rien ; il n’y avait que 6 pièces de 6. — Qu’a-t-on fait de mon artillerie ? Il devait y avoir 200 pièces de position et des munitions pour les alimenter pendant plus d’un mois. — La vérité, Sire, est que nous n’avons eu à opposer à l’ennemi que des pièces de campagne, encore a-t-il fallu ralentir le feu à deux heures, faute de munitions. — Allons ! je vois que tout le monde a perdu la tête. Voilà pourtant ce que c’est d’employer des hommes qui n’ont ni sens commun ni éner-