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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/345

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— 1814 —

occupée par les Alliés était couverte de soldats qui s’apprêtaient à figurer en grande tenue dans le cortége de 50,000 hommes dont l’empereur de Russie et le roi de Prusse voulaient se faire accompagner au moment de leur entrée solennelle dans Paris. À mesure que leurs apprêts étaient achevés, ces soldats, que les hasards de la guerre avaient amenés des contrées les plus diverses et les plus lointaines du continent européen, se réunissaient sur les points les plus élevés et contemplaient, avec un étonnement mêlé d’orgueil, l’amas confus, immense, d’édifices qui s’étendait devant eux. Quelques-uns, plus avides, se hissaient sur le mur d’octroi et jusque sur les barrières alors fermées, cherchant à saisir, à travers les rues et les lignes des maisons, quelques détails de cette capitale célèbre dont la renommée racontait tant de merveilles.

Tout le monde n’avait pas reposé durant cette nuit. Immédiatement après la signature de la capitulation, une députation composée de huit maires ou membres du conseil municipal, de MM. de Chabrol, préfet de la Seine, Pasquier, préfet de police, Alexandre de Laborde et Tourton, représentant la garde nationale, était sortie de Paris accompagnée des deux officiers étrangers qui avaient signé la capitulation. Arrivée à quatre heures du matin au château de Bondy, quartier général des souverains alliés, la députation dut attendre le réveil d’Alexandre. M. de Nesselrode, qui la reçut, ne tarda pas à s’approcher du comte de Laborde, dont le nom, comme écrivain et comme savant, lui était connu, et, l’emmenant dans l’embrasure d’une croisée, il lui demanda quel était l’état de l’opinion publique à Paris, ce qu’il fallait faire, ou, pour dire mieux, ce que les habitants voulaient qu’on fît. M. de Laborde évita d’abord de répondre ; mais, pressé par le ministre russe, il lui dit que tous les hommes distingués par leurs lumières étaient fort attachés aux intérêts de la Révolution, et que la régence de Marie-Louise, si la force des choses obligeait à un changement de gouvernement, était la combinaison qui réu-