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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/37

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— 1793 - 1799 —

tournois au moins[1], sans comprendre deux millions à distribuer aux principaux coopérateurs, et les autres sommes nécessaires aux frais du mouvement à effectuer dans Paris. »

Tous les détails de cette intrigue furent communiqués aux cours de Saint-Pétersbourg et de Londres, qui s’engagèrent à faire les fonds de l’opération.

Un mouvement contre-révolutionnaire dans Paris n’était pas aussi facile que les agents royalistes essayaient de le faire croire à Louis XVIII. Barras ne partageait pas leurs illusions ; aussi plaçait-il ses espérances moins dans les dispositions de l’esprit public en faveur de l’ancienne monarchie et de ses princes que dans les progrès des armées coalisées vers nos frontières du nord et de l’est, et dans les complications, l’abattement et le désordre qui seraient l’inévitable résultat d’une invasion victorieuse.

Les événements, dans les premiers jours de septembre, semblaient seconder ces pensées de trahison. À cette date, les troupes anglo-russes, débarquées en Hollande, faisaient des progrès rapides vers notre frontière de Belgique, tandis que l’armée austro-russe, placée sous le commandement de Souwaroff, pénétrait en Suisse et menaçait la Haute-Saône et la Franche-Comté ; mais ce double mouvement fut heureusement arrêté, pour ainsi dire, le même jour : le 19 septembre, Brune gagnait la bataille de Berghem, et forçait les Anglais et les Russes de se rembarquer ; à cinq jours de là, le 24, Masséna écrasait à Zurich le principal corps austro-russe, et contraignait Souwaroff de repasser les Alpes. Ces deux victoires délivraient la France de la crainte de l’invasion.

Forcés de renoncer, pour le moment du moins, à l’espérance d’une Restauration par l’étranger, les partisans de la maison de Bourbon se résignèrent à attendre leur succès d’une nouvelle crise politique intérieure. Cette crise se pro-

  1. Le traitement de chaque Directeur n’était que de 100,000 francs par an.