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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/375

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— 1814 —

res ! Ce sont elles qui amènent aujourd’hui jusque dans nos murs, toujours restés vierges sous la paternelle administration de nos rois, ces étrangers dont la généreuse protection commande la reconnaissance, lorsqu’il nous eut été si doux de leur offrir une alliance désintéressée.

Il n’est pas un d’entre vous qui, dans le secret de son cœur, ne le déteste comme un ennemi public ; pas un qui, dans les plus intimes communications, n’ait formé le vœu de voir arriver un terme à tant d’inutiles cruautés.

Ce vœu de nos cœurs et des vôtres, nous serions les déserteurs de la cause publique si nous tardions à l’exprimer.

L’Europe en armes nous le demande ; elle l’implore comme un bienfait envers l’humanité, comme le garant d’une paix universelle et durable.

Parisiens, l’Europe en armes ne l’obtiendrait pas de vos magistrats, s’il n’était pas conforme à leurs devoirs.

Mais c’est au nom de ces devoirs mêmes et des plus sacrés de tous, que nous abjurons toute obéissance envers l’usurpateur pour retourner à nos maîtres légitimes.

S’il y a des périls à suivre ce mouvement du cœur et de la conscience, nous les acceptons. L’histoire et la reconnaissance des Français recueilleront nos noms ; elles les légueront à l’estime de la postérité.

En conséquence,

Le conseil général du département de la Seine, conseil municipal de Paris, spontanément réuni,

Déclare, à l’unanimité de ses membres présents,

Qu’il renonce formellement à toute obéissance envers Napoléon Bonaparte ;

Exprime le vœu le plus ardent pour que le gouvernement monarchique soit rétabli dans la personne de Louis XVIII et de ses successeurs légitimes ;

Arrête que la présente déclaration et la proclamation qui l’explique seront imprimées, distribuées et affichées dans Paris, notifiées à toutes les autorités restées dans Paris et dans le département, et envoyées à tous les conseils généraux de départements. »

Ce plaidoyer déclamatoire, où la vérité était étouffée sous l’enflure et l’hyperbole, fut le premier cri jeté officiellement en faveur des Bourbons. Une démarche aussi décisive contrariait trop fortement la politique expectante de M. de Talleyrand pour qu’il ne s’efforçât pas de l’arrêter. Pendant la nuit, la police