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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/390

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— 1814 —

retrouver son cheval et son soldat d’ordonnance dans la cour de M. de Talleyrand. M. de Bourrienne, l’apercevant une seconde fois, accourt, et lui annonce qu’Alexandre vient de signer une proclamation où il déclarait, au nom du roi de Prusse et de l’empereur d’Autriche, comme au sien : que désormais ils ne traiteraient plus avec Napoléon ni avec aucun membre de sa famille. On imprimait cette proclamation, ajoutait-il ; il l’avait lue, et on allait l’afficher dans tout Paris. À ce moment, l’escorte qui devait conduire le colonel arrivait ; il s’éloigna avec elle, et, à la suite de longs détours auxquels on l’obligea, et qui prirent la plus grande partie de la nuit, Fabvier avait enfin pu atteindre les positions occupées par nos troupes. L’Empereur, après l’avoir complimenté sur sa conduite dans la journée de l’avant-veille, lui demanda les renseignements qu’il avait pu recueillir. Fabvier lui fit connaître ce qu’il avait vu et ce qu’il avait appris sur la force et la composition des troupes alliées. « Cela concorde parfaitement avec ce que je sais déjà, » lui dit Napoléon, qui ajouta aussitôt : « Quelle était l’attitude de la population pendant le défilé ? » Le colonel répondit avec franchise qu’il avait entendu des acclamations injurieuses. L’Empereur insista pour en connaître les termes. Fabvier obéit : « Les Parisiens sont malheureux, répondit Napoléon, ils deviennent injustes. » Le colonel parla ensuite des cris de Vive le Roi ! poussés en tête du cortége, et des royalistes à cocardes blanches qu’il y avait vus. « Des cocardes blanches ! s’écria l’Empereur étonné. En êtes-vous bien sûr ? Vous vous êtes trompé. Ce sont quelques émigrés rentrés avec les Alliés, quelques hommes comme Saint-Priest et Langeron. — Non, Sire, elles étaient aux chapeaux de Français qui habitent Paris. — C’est impossible. Je ne peux vous croire. — Mais, Sire, j’ai l’honneur d’affirmer à Votre Majesté que j’ai même reconnu quelques-uns de ceux qui les portaient. — Si cela est, vous pouvez bien me les nommer, ajouta l’Empereur avec un air de doute. — Je sabrerais ces individus si je me trouvais en face