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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/389

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— 1814 —

opposés, chaque engagement général, depuis plusieurs mois, se terminait cependant par un échec ou par une retraite. La trahison seule expliquait pour eux l’impuissance inaccoutumée de leurs coups. Marmont n’essaya pas de lutter contre l’exaspération des détachements alors réunis autour de lui. Il s’éloigna en disant au général Chastel que, dès que les troupes auraient rejoint l’Empereur, il le ferait traduire devant un conseil de guerre.

Quand, le surlendemain, dans sa visite des lignes du duc de Raguse, Napoléon arriva devant la petite division du général Chastel, Marmont dénonça la conduite de ce dernier et demanda sa mise en jugement. Chastel, loin de se rétracter, renouvela ses accusations : il y avait trahison évidente, disait-il, depuis la bataille de Dresde. L’Empereur s’entremit ; il s’efforça de calmer Chastel, et fit amicalement observer au maréchal qu’il fallait beaucoup pardonner à la généreuse irritation des troupes, ajoutant que ce n’était pas, d’ailleurs, le moment de se montrer sévère et de punir. Marmont céda. Au même instant, le colonel Fabvier, dont Napoléon attendait impatiemment la venue, et qu’il avait fait demander plusieurs fois, se présenta devant lui.

En entrant, la veille au soir, à la suite de l’empereur de Russie, dans l’hôtel de M. de Talleyrand, le colonel y avait rencontré un des amis particuliers de Marmont, M. de Bourrienne, qui se trouvait là, en qualité de capitaine d’une compagnie de la garde nationale de Paris, destinée à former, avec une compagnie de grenadiers russes, la garde d’honneur d’Alexandre. Après quelques mots rapidement échangés avec cet ancien chef du cabinet particulier de Napoléon, Fabvier s’était mis à la recherche du prince Wolkonski ; la confusion qui régnait dans ce premier moment rendit longtemps ses démarches sans résultat ; enfin, il put découvrir le prince russe, et, après de nouveaux retards, obtenir les ordres dont il avait besoin pour franchir les lignes alliées. Il était près de minuit lorsqu’il vint