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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/392

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— 1814 —

30 mars, soit seul, ainsi qu’il le voulait, soit même à la tête d’un certain nombre de soldats, l’Empereur aurait fait un acte de témérité ; car, maîtres de toutes les collines au nord de Paris, ayant tous leurs fronts défendus par d’immenses lignes d’artillerie, les Alliés, du haut de ces rampes, auraient opposé une résistance que Napoléon n’aurait pu vaincre qu’au prix d’immenses sacrifices. Mais la position de l’ennemi, depuis le 31, était changée : les souverains avaient commis l’inconcevable faute de quitter cette ligne de hauteurs si difficilement abordables, pour descendre dans Paris et pour éparpiller leurs soldats sur les quais, les promenades, les boulevards extérieurs, et sur les différents chemins qui conduisent à Fontainebleau. Dans ces conditions, un effort de nos troupes, prompt, furieux, et secondé par le soulèvement de quelques quartiers du centre et des faubourgs, empêcherait évidemment la jonction de ces tronçons épars, isolerait les principaux chefs et jetterait dans chaque colonne, ainsi séparée, une épouvante et une démoralisation assez fortes pour paralyser toute résistance sérieuse. Ce coup d’audace, le général Bonaparte l’aurait tenté sur-le-champ ; l’empereur Napoléon, durant quatre jours qui furent quatre siècles pour sa cause, hésita et attendit. Il essayait de négocier.

Le duc de Vicence, comme on l’a vu, s’était rendu le matin du 31 au château de Bondy, alors quartier général des souverains alliés. Le duc avait longtemps résidé à Saint-Pétersbourg comme ambassadeur de Napoléon : ce séjour ne l’avait seulement pas mis en relation officielle avec Alexandre ; des rapports plus intimes, fondés sur le caractère et sur les qualités personnelles du duc, s’étaient établis. Ces rapports, l’absence avait pu les rompre ; ils n’étaient pas oubliés. L’accueil du Tzar fut empressé, cordial. Mais, aux premiers mots que voulut prononcer Caulaincourt sur la situation politique, Alexandre l’arrêta, et lui dit qu’absorbé par les soins de son entrée dans la capitale française il était forcé de remettre au lendemain