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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/403

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— 1814 —

apprenant l’empressement avec lequel vous vous rendez à l’invitation du gouvernement provisoire de vous ranger, conformément au décret du 2 de ce mois, sous les bannières de la cause française.

Les services distingués que vous avez rendus à votre pays sont reconnus généralement ; mais vous y mettrez le comble en rendant à leur patrie le peu de braves échappés à l’ambition d’un seul homme.

Je vous prie de croire que j’ai surtout apprécié la délicatesse de l’article que vous demandez et que j’accepte, relativement à la personne de Napoléon. Rien ne caractérise mieux cette belle générosité naturelle aux Français, et qui distingue particulièrement Votre Excellence.

Agréez les assurances de ma haute considération.

Schwartzenberg.

À mon quartier général, le 4 avril 1814. »

Ce traité, qui n’aurait pas été possible si la confiance de l’Empereur n’avait pas conservé à Marmont le commandement de l’avant-garde de l’armée, constitue la trahison du duc de Raguse. Il n’y est nullement question, comme on le voit, des droits ni du rappel des Bourbons. L’acte de déchéance, au reste, ne prononçait pas le nom de ces princes. La paix, voilà le but que, fatigués par vingt ans de guerre, alarmés par l’état de lassitude et d’épuisement où ils voyaient l’armée et le pays, poursuivaient la plupart des hommes qui furent mêlés aux événements des quatre premiers jours d’avril 1814. Cette paix, que Marmont ne croyait pas acheter trop cher au prix de son honneur militaire et de tous ses devoirs envers son bienfaiteur, son ami, l’abdication de l’Empereur la rendait assurée ; la défection du 6e corps devenait dès lors sans objet ; le maréchal le comprit. Aussi, après avoir fait connaître sa position aux plénipotentiaires, s’empressa-t-il de leur proposer de se rendre avec eux auprès de Schwartzenberg, à Petit-Bourg, pour rompre immédiatement son traité, et y attendre les sauf-conduits nécessaires à leur passage à travers les lignes alliées. « Je vous accompagnerai ensuite chez l’empereur Alexandre, je joindrai mes efforts aux vôtres en faveur de la régence, » ajouta Marmont, ému par les dernières marques de la con-