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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/402

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— 1814 —

Marmont l’arbitre des destinées de la France. Ce rôle politique l’éblouit ; emporté par un fatal vertige, le duc de Raguse oublia que ce gouvernement provisoire et ce Sénat qui l’appelaient à eux agissaient sous l’influence de l’ennemi, siégeaient et délibéraient au milieu des Autrichiens, des Prussiens et des Russes. Par un dernier effort de sa conscience troublée, le maréchal réunit pourtant, avant de s’engager, les principaux généraux de son corps, et ce fut seulement après les avoir consultés, quand tous eurent approuvé la défection, que, dans la nuit du 3 au 4, il transmit au généralissime autrichien la réponse suivante :

« Monsieur le maréchal,

J’ai reçu la lettre que Votre Altesse m’a fait l’honneur de m’écrire, ainsi que tous les papiers qu’elle renfermait. L’opinion publique a toujours été la règle de ma conduite. L’armée et le peuple se trouvent déliés du serment de fidélité envers l’empereur Napoléon par le décret du Sénat. Je suis disposé à concourir à un rapprochement entre le peuple et l’armée qui doit prévenir toute chance de guerre civile et arrêter l’effusion du sang français. En conséquence, je suis prêt à quitter, avec mes troupes, l’armée de l’empereur Napoléon, aux conditions suivantes, dont je vous demande la garantie par écrit :

Art. 1er. Moi, Charles, prince de Schwartzenberg, maréchal et commandant en chef les armées alliées, je garantis à toutes les troupes françaises qui, par suite du décret du Sénat du 2 avril, quitteront les drapeaux de Napoléon Bonaparte, qu’elles pourront se retirer librement en Normandie avec armes, bagages et munitions, et avec les mêmes égards et honneurs militaires que se doivent les troupes alliées.

Art. 2. Que si, par suite de ce mouvement, les événements de la guerre faisaient tomber entre les mains des puissances alliées la personne de Napoléon Bonaparte, sa vie et sa liberté lui seraient garanties dans un espace de terrain et dans un pays circonscrit, au choix des puissances alliées et du gouvernement français. »

Le prince de Schwartzenberg accepta ces conditions dans les termes suivants :

« Monsieur le maréchal,

Je ne saurais assez vous exprimer la satisfaction que j’éprouve en