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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/408

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— 1814 —

les chances qui restaient à Napoléon, et fit un imposant tableau des forces impériales encore intactes au pied des Pyrénées, en Italie, sur le Rhône et dans toutes les places fortes du nord et de l’est de la France. « Si les Alliés, dit-il en terminant, repoussant le vœu de l’armée, refusent de traiter, non-seulement avec l’Empereur, mais même avec sa famille, que risque Napoléon en continuant la lutte ? Quelle qu’en soit l’issue, la position qu’on veut lui faire ne saurait empirer. »

Caulaincourt appuya les observations de ses deux collègues par des considérations empruntées exclusivement à la politique. Il fit surtout ressortir l’étrange contradiction que présentaient les derniers actes des souverains, comparés avec leur langage depuis le début de la campagne. Dans tous les départements où ils avaient pénétré, dans toutes les villes où ils étaient entrés, les Alliés avaient proclamé qu’ils ne venaient pas imposer un gouvernement à la France, ni contraindre la volonté de ses habitants ; et cependant, à peine maîtres de Paris, ils déclarent ne vouloir traiter ni avec Napoléon ni avec aucun des siens ! Comment concilier cette exclusion avec la liberté du vœu national ? Exclure, c’était condamner ; cette condamnation était-ce la France qui l’avait prononcée ?

Alexandre était visiblement ébranlé. Il ne répondait pas, et se bornait à répéter de temps en temps « que les choses étaient bien avancées avec le Sénat. » Le général Dessolles vint au secours du gouvernement provisoire. Il combattit la régence en appuyant particulièrement sur ce point, que cette combinaison n’offrait aucune garantie sérieuse à la France ni à l’Europe, l’Empereur pouvant continuer à gouverner sous le nom de sa femme et de son fils. Il fit ensuite remarquer au Tzar combien il serait fâcheux pour l’honneur des Alliés que tant de personnes, entraînées depuis cinq jours par la déclaration du 31 fussent compromises pour y avoir ajouté confiance. « Pour moi, je l’avoue, ajouta-t-il en terminant, peut-être aurais-je hésité à me prononcer, si j’avais pu croire que