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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/412

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— 1814 —

à Paris, pensant que mon union avec eux, d’après ce qui venait de se passer (le traité avec Schwartzenberg), serait d’un grand poids ; je me rendis à leur désir, laissant le commandement de mon corps d’armée au plus ancien général de division, lui donnant l’ordre de ne faire aucun mouvement, et lui annonçant mon prochain retour. J’expliquait mes motifs au prince de Schwartzenberg, qui, plein de loyauté, les trouva légitimes et sans réplique, et je remplis la promesse que j’avais faite à mes camarades. À huit heures du matin, un de mes aides de camp arriva et m’annonça que, contre mes ordres formels et malgré ses plus instantes représentations, les généraux avaient mis les troupes en mouvement pour Versailles, à quatre heures du matin, effrayés qu’ils étaient des dangers personnels dont ils croyaient être menacés et dont ils avaient eu l’idée par l’arrivée et le départ de plusieurs officiers d’état-major venus de Fontainebleau. — La démarche était faite et la chose irréparable.

Voilà le récit fidèle et vrai de cet événement, qui a eu et aura une si grande influence sur toute ma vie. »

Le Mémoire justificatif de Marmont porte la date du 1er avril 1815. À cette époque, les généraux qu’il accusait d’avoir mis les troupes en mouvement contre ses ordres formels, malgré les plus instantes représentations de son aide de camp (Fabvier), étaient tous vivants. L’Empereur venait de ressaisir la couronne ; personne ne pouvait prévoir la catastrophe de Waterloo : toutes les chances, au contraire, semblaient être pour le succès durable de la cause impériale. Il y a plus : quelques-uns des généraux accusés étaient employés dans l’armée qui devait bientôt entrer en campagne ; pas un d’eux cependant ne protesta, tous acceptèrent l’accusation. C’est que le duc de Raguse disait vrai ; les faits avancés par lui étaient rigoureusement exacts ; il ne taisait que les noms des coupables. Ces noms, l’histoire doit les dire ; les chefs qui, sous l’empire du sentiment de terreur dont parle le duc de Raguse, entraînèrent le 6e corps à Versailles, dans la nuit du 4 au 5 avril, furent :

Les généraux de division Souham, commandant en chef par intérim, Bordesoulle, Compans, Digeon (de l’artillerie), Ledru des Essarts, et le général de brigade, chef d’état-major, Meynadier.