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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/411

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— 1814 —

tomber sur le prince de Bénévent un regard de hauteur et de mépris. Quant à discuter, monsieur, c’est parfaitement inutile ; mes camarades et moi, nous ne reconnaissons pas votre gouvernement provisoire. »

Marmont s’était présenté avec les deux maréchaux et Caulaincourt à l’hôtel Samt-Florentin, mais il ne les avait point suivis dans le cabinet d’Alexandre. Il était revenu les attendre à l’hôtel du prince de la Moskowa. Quand ils y rentrèrent, Marmont venait d’apprendre, par le colonel Fabvier, la défection de son corps d’armée. « Je donnerais un bras, s’écria-t-il en apercevant les plénipotentiaires, pour réparer la faute de mes généraux. — Dites le crime, répliqua Macdonald ; et la tête, dans tous les cas, ne serait pas de trop. »

Non-seulement la défection des régiments composant le corps du duc de Raguse enlevait à l’Empereur près du cinquième de ses soldats, mais Fontainebleau restait à découvert, et Napoléon se trouvait à la discrétion des Alliés.

On a fort diversement expliqué ce fatal épisode ; les détails en sont restés fort ignorés, jusqu’ici[1] ; avant de les dire, nous reproduirons l’explication donnée par le duc de Raguse lui-même dans un Mémoire justificatif, opuscule de quelques pages, qu’il fit d’abord paraître dans le Moniteur de Gand du 18 avril 1815, et qu’il répandit ensuite en France, plusieurs semaines après le retour de l’Empereur de l’île d’Elbe. Arrivé, dans le cours de son récit, à la visite des trois plénipotentiaires lors de leur passage à Essonne, le maréchal s’exprime en ces termes :

« ... Le duc de Tarente, le prince de la Moskowa et le duc de Vicence arrivèrent chez moi à Essonne. Ils m’apprirent que l’Empereur venait d’être forcé à signer son abdication, et qu’ils allaient, à ce titre, négocier la suspension des hostilités. Je leur fis connaître les arrangements pris avec le prince de Schwartzenberg, et je leur déclarai alors que, puisqu’ils étaient d’accord pour un changement que le salut de l’État demandait, et qui était le seul objet mes démarches, je ne me séparerais jamais d’eux. Le duc de Vicence exprima le désir de me voir les accompagner

  1. 1843, date de la première publication de ce volume.